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Plan Loup : « On ne pourra pas valider le texte car il ne garantit pas du zéro attaque »

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Après la mise en consultation publique du Plan loup 2018-2023, le préfet coordonnateur Stéphane Bouillon a invité la profession agricole qui avait boycotté la réunion du décembre à se remettre autour de la table.

«C’est la première fois que les syndicats font front commun pour obtenir la même chose, et on n’obtient rien. Il y a quelque chose qui nous échappe », s’interroge la représentante de la FNSEA au Groupe national loup Sandrine Hauser.
Suite au boycott par l’ensemble de la profession agricole de la réunion nationale du 12 décembre consacrée à l’examen du Plan loup 2018-2023, le préfet coordonnateur Stéphane Bouillon avait en effet organisé une réunion à destination des organisations professionnelles le 5 janvier en présence de la directrice de la DREAL et le directeur adjoint de la DRAAF Auvergne-Rhône-Alpes.
Résultat ? Pas grand-chose selon le CAF Loup (FNSEA, FNO, Jeunes Agriculteurs et APCA), qui dénonce dans un communiqué publié le même jour la persistance du gouvernement à « ignorer les demandes des éleveurs, pourtant fondamentales, pour leur permettre d’exercer leur métier dans des conditions dignes ». S’il note « une ouverture concernant les tirs de défense simple », le collectif souligne la portée limitée et inefficace de cette maigre avancée « au regard des conditions restrictives qui l’encadrent ».

De la conditionnalité des indemnisations à l’absence de quotas

« Nous exigeons toujours un droit de défense permanent des troupeaux hors plafond de prélèvement. Et nous refusons toute forme de conditionnalité des indemnisations, toute limitation des tirs de prélèvement et des tirs de défense renforcée ainsi que toute gestion différenciée entre les territoires et les éleveurs », annoncent les organisations professionnelles en réponse à un Plan loup qui prévoit en effet « l’obligation de la mise en oeuvre de protections des troupeaux pour bénéficier des indemnisations ». Et ce, quand bien même il est également prévu que cette obligation soit «mise en oeuvre de manière progressive et adaptée à la situation des élevages, en tenant compte de la présence du loup ». « Ainsi, précise le cabinet du préfet coordonnateur, cette obligation ne s’appliquera qu’au-delà d’un certain nombre d’attaques par an sur un même troupeau et qu’à partir d’un certain nombre d’années de présence régulière du loup ».
Concernant les tirs, leur gradation doit s’appliquer à partir de trois attaques par commune, et non plus par troupeau. Des tirs de prélèvement « sur des territoires bien définis en fonction de la prédation » pourront être décidés du 1er septembre au 31 décembre.
Autre point sur lequel la profession agricole ne veut pas transiger : la possibilité d’une gestion différenciée entre les territoires et les éleveurs. Un point sur lequel le CAF Loup insiste alors même que Stéphane Bouillon a assuré qu’il n’y aurait pas de gestion différenciée des territoires, mais « un principe de gestion adaptative pour tenir compte de l’évolution de la population, de la pression de prédation et des impacts sur l’élevage ».
« Aujourd’hui, aucun des propos tenus par le préfet ne se retrouve dans le texte, même si on sent qu’il y a une volonté d’être à l’écoute du monde agricole », explique Pierre- Yves Motte, membre du CAF Loup et président de la Chambre d’agriculture 05. « Le texte prévoit que les préfets pourront mettre en oeuvre des mesures radicales de prélèvement sans qu’il y ait forcément eu prédation et, tel que c’est rédigé, ça leur laisse tout latitude pour intervenir sur les zones de colonisation de façon à éviter l’extension territoriale, et non à renforcer les mesures sur les zones qui subissent une forte pression de prédation. La profession reste unie sur la volonté de ne pas privilégier un territoire ou un type d’élevage au détriment d’un autre ».

Un seuil de viabilité de la population fixé à 500 loups

Le plafond initial de la campagne de tir pour toute l’année 2018 est établi à 40. Ce plafond sera ensuite actualisé en fonction de la population de loups recensée au printemps, et porté à 10% de cette population. Le préfet coordonnateur pourra décider de tirs additionnels de défense, simples ou renforcés, dans la limite de 2% supplémentaires, dans l’hypothèse où ce plafond serait atteint avant la fin de l’année.
En réponse aux demandes de la profession agricole qui n’avait pas été entendue en première instance, il sera possible d’autoriser « en cas de situation exceptionnelle » les tirs de défense simple au-delà du plafond établi « pour que les éleveurs puissent se défendre toute l’année ». L’idée est de faire en sorte d’atteindre un seuil de viabilité de la population lupine établi à 500 spécimens. « Ce seuil pourra être ajusté dans le temps en fonction de l’avis annuel du Conseil scientifique permanent du PNA », précisent les services de l’Etat. Et là encore, il y a un problème : « vu le nombre d’animaux annoncés dans les différents départements, on pense que le nombre de 500 loups est déjà atteint. Et si c’est le cas, la question se pose : que fait-on ? Or, personne n’est capable de répondre sur ce sujet », commente Pierre-Yves Motte.

 « Ce sont les écolos qui ont le pouvoir sur le dossier »

Quoi qu’il en soit, « quelles que soient les améliorations, on ne pourra pas valider le texte car l’objectif initial était de solliciter le zéro attaque et, aujourd’hui, le Plan loup n’est pas une garantie du zéro attaque », ajoute Pierre-Yves Motte qui, à l’instar des autres membres du CAF Loup, souhaiterait que l’on revienne sur la question de la gouvernance. « On veut qu’il y ait un véritable Groupe national loup qui soit force de proposition, et non un groupe d’information comme c’est le cas aujourd’hui ». « D’après moi, ce sont les écolos qui ont le pouvoir sur le dossier et on pourra faire tout ce qu’on veut, on n’arrivera à rien. L’enjeu est politique et on le voit : on a boycotté les réunions à deux reprises et ça n’a rien changé », estime pour sa part Sandrine Hauser.

La consultation publique concernant le plan Loup 2018-2023 a débuté le 8 janvier et se clôturera le 29 janvier sur le site internet : http:/www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/.
A l'issue de la consultation publique, « le nouveau plan et le dispositif réglementaire associé entreront en vigueur au début du mois de février 2018 après avis du Conseil national de la protection de la nature », ont annoncé les ministères.

Stéphanie Martin-Chaillan