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Décès de Francis Solda, le pastoralisme en deuil

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C’est une figure majeure du pastoralisme qui disparaît. Après avoir consacré sa vie à défendre les éleveurs des Alpes du Sud, Francis Solda est décédé le 1er décembre à l’âge de 73 ans.

«En 2019, je serai en pré-retraite », nous avait annoncé Francis Solda pour l’article que nous lui avions consacré en juin 2018. C’était juste après avoir décidé de laisser la présidence du CERPAM et de la FROSE. Drôle de retraite, en vérité, que Francis Solda n’a de toute façon jamais tout à fait prise. Car l’homme était un tant soit peu hyperactif, et profitait des trajets innombrables qu’il faisait en voiture… Pour passer inlassablement des coups de fil à la chaîne, et en recevoir tout autant. Le Bluetooth aurait pu être inventé pour lui permettre de ne jamais perdre la moindre minute d’une vie qu’il a largement consacrée au monde de l’élevage des Alpes du sud et plus particulièrement au pastoralisme. À défaut d’avoir un don d’ubiquité, Francis Solda était tout de même du genre à se démultiplier.
Vieux briscard du syndicalisme bas-alpin, on retiendra de Francis ses inévitables interventions lors des sessions de chambres d’agriculture, des congrès de la FDSEA, des assemblées générales de la FDO ou encore du CERPAM. Des interventions en forme de coups de gueule sur le loup, la PAC, le loup encore. « Quand tu es persuadé d’avoir raison, il faut défendre ton bout de gras », pensait-il. C’est ce qu’il faisait.
Né à Aubagne en 1947 de parents d’origine piémontaise, Francis Solda racontait qu’il avait failli voir le jour… dans une bergerie. Un présage, à n’en pas douter. C’est pourtant dans les pommes et les poires qu’il avait débuté sa carrière agricole en 1960. Il comptera d’ailleurs parmi les premiers arboriculteurs à implanter des pommiers et des poiriers sur le secteur manosquin.

Perpétuellement engagé

En 1982, installé aux Quatre-Chemins à la frontière de Manosque et de Valensole, il créera la SICA Soleil des Alpes, qui sera suivie par la SICA des Côteaux. Déjà, il commençait à collectionner les responsabilités professionnelles. Il sera pêle-mêle vice-président du comité économique des poires, vice-président du centre d’études techniques agricoles de l’Escale, vice-président du syndicat d’irrigation du plateau de Valensole, tout en étant conseiller municipal à la mairie de sa commune.
Mais pendant tout ce temps, la passion du pastoralisme ne le quittait pas. Fils de moutonnier, il avait d’ailleurs toujours eu lui-même une centaine de moutons. C’est à la fin des années 80 qu’il abandonnera l’arboriculture pour se consacrer à l’élevage ovin. Mais continuera tout naturellement de se faire absorber par la vie syndicale départementale. Entré à la FDSEA, dont il sera vice-président au côté de Jean-Paul Comte, il présidera la FDO, la FROSE (Fédération régionale ovine du Sud-Est) en même temps que le CERPAM (centre d’études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée).
Une série d’engagements chronophages, au grand dam de son épouse Marylène et de ses deux fils cadets, les jumeaux Nicolas et Mathieu, avec qui il avait créé un GAEC (son fils aîné Laurent étant devenu militaire).
Marylène Solda le reconnaissait : elle avait épousé, disait-elle « un Saint-Bernard avec un gros tonneau ». Mais Francis était comme ça. Il en convenait sans difficulté : c’était son caractère, et c’était à prendre ou à laisser.

HOMMAGES

Francis, tu es parti sans prévenir, au retour de cette montagne que tu appréciais tant, de cet ultime rendez-vous avec ton berger, entouré de tes enfants. Tu es parti en exerçant ton métier, en vivant ta passion jusqu’au bout, même si la raison sans doute, t’aurait encouragé à lever le pied plus tôt.
Cette passion pour le pastoralisme t’a conduit à exercer de nombreuses responsabilités. Président du CERPAM, de la FDO, membre d’organisations régionales et nationales, à la fraiche dans les alpages, sur le parvis de la préfecture, dans les salons ministériels, tu ne perdais jamais une occasion de rappeler ce lien indissociable entre les activités d’élevage et la gestion des espaces naturels.
Tu t’es battu contre les nostalgiques d’un élevage d’antan, pour en défendre la modernité, malgré les nombreuses difficultés liées au retour du prédateur et la nécessité de devoir partager les espaces pastoraux. Tu t’es battu pour que l’élevage de nos montagnes bénéficie de ce soutien financier indispensable pour s’inscrire dans la durée et susciter des vocations.
Grandi à l’école de la vie, sur les terrains de rugby, tu as su, à la chambre d’agriculture, privilégier le collectif et la cohésion de l’équipe pour renforcer l’unité professionnelle.
Tu étais, avec tes amis Roger Reille et Gilbert Goletto, à l’initiative de ces méchouis qui, le temps d’une journée, réunissaient les éleveurs du département et de plus loin encore.
Des journées entières à célébrer cette amitié professionnelle à laquelle tu étais profondément attaché. Impliqué dans l’action, généreux dans la relation avec les autres, on savait pouvoir compter sur toi.
En cet instant, nous devons je crois, garder précieusement en nous son souvenir, mais plus encore, nous servir de son exemple, pour perpétuer son engagement en faveur du pastoralisme et plus généralement en faveur du monde de l’élevage. Je pense particulièrement à son épouse et à ses fils, je partage leur immense chagrin, mais je veux aussi leur dire combien ils peuvent être fiers de l’avoir eu comme époux et comme père. Adieu Francis.
Frédéric Esmiol, Président de la Chambre d’agriculture 04

Téléchargez l'article complet avec tous les hommages :Roger Reille, ancien président de la FDO 04 ; Laurent Depieds, président de la FDSEA 04 ; Jean-Paul Comte, ancien président de la FDSEA 04 ; Jean Debayle, président d’Estivalp et ancien président du CERPAM