Vous êtes ici : Accueil > Les Actualités proches de vous > Des plantes médicinales plutôt que des remèdes de cheval

Des plantes médicinales plutôt que des remèdes de cheval

Accéder aux flux rss de notre siteImprimer la page

Sous l’égide de la Chambre d’agriculture, Michel Thouzery, expert en phytothérapie et aromathérapie a conduit à St Michel l’Observatoire une formation auprès de 12 éleveurs, sur la fabrication de remèdes à base de plantes.

« Comment soigner ses animaux avec les plantes et fabriquer soi-même ses remèdes ? » Les 14 et 15 février dernier à Saint-Michel l’Observatoire, cette formation sous l’égide de la Chambre d’agriculture des Alpes de Haute-Provence, a intéressé douze éleveurs.

Michel Thouzery, éleveur d’ovins, expert en phytothérapie et aromathérapie, a conduit ces deux journées entre théorie et pratique pour leur enseigner les bases de la phyto-aromathérapie, l’identification des principales espèces de plantes médicinales, des techniques de fabrication de remèdes : séchage et conception de mélanges pour la préparation d’infusions, de décoctions et macérations, fabrication d’huiles aromatiques, de teintures-mères, ovules, gels, pommades, blocs à lécher… Une centaine de plantes méditerranéennes sont susceptibles d’entrer dans la composition de remèdes concernant toutes les espèces animales et dont l’efficacité s’étend des soins du quotidien aux pathologies graves. Chardon, lavande, lierre, sarriette, thym, girofle, cannelle, ail, souci calendula, millepertuis, arnica, bardane... pour désinfecter une plaie, fortifier un cheptel d’abeilles, optimiser les conditions des mises bas, favoriser la cicatrisation, le drainage des reins ou du foie, éradiquer le staphylocoque doré, la petite douve du bovin, les parasites, l’ecthyma affectant les muqueuses buccales ou les mamelles…

Rendre les éleveurs autonomes pour soigner leur troupeau

« Les remèdes aux plantes fonctionnent très bien et le principe de cette formation, explique Michel Thouzery, est de rendre les éleveurs autonomes pour soigner leurs troupeaux, qu’ils parviennent à diminuer l’usage des molécules de synthèse, en acquérant des connaissances sur les plantes. C’est une pratique qui s’inscrit dans une vision globale de l’élevage pour produire de la qualité ».
Le formateur ne s’en cache pas, « nous sommes en porte-à-faux avec la législation européenne. Mais nous choisissons de dépasser cette inadéquation entre nos pratiques et ce cadre législatif. Ce n’est pas à nous de nous adapter, c’est la législation qui doit évoluer. Les vrais spécialistes sont les gens de terrain. Qu’on nous écoute. Nous constatons aujourd’hui quelques volontés d’ouverture, une prise de conscience sur les attentes des éleveurs et des consommateurs, les préoccupations environnementales et du bien-être animal ».

De l’Ariège à la Mauritanie

Après avoir exercé six années, de 1982 à 1988, comme conseiller technique à la Chambre d’agriculture des Alpes de Haute-Provence, Michel Thouzery s’est installé comme éleveur, producteur et transformateur de plantes médicinales. Une activité qu’il exerce depuis 1999 au Paquetayre, petit hameau ariégeois perché à 870 mètres d’altitude dans le massif de Tabe. Il est adhérent au syndicat SIMPLES qui regroupe une centaine de producteurs-cueilleurs autour d’un cahier des charges très strict en ce qui concerne la protection de l’environnement, la préservation des ressources floristiques et la qualité de la production.

Entourée d’une forêt, sa ferme s’étend sur une trentaine d’hectares disposant de deux sources. Les cultures y sont réparties en quatre jardins, le reste de l’espace étant à disposition d’un troupeau de 50 brebis. Les plantes, récoltées dans les jardins, les forêts et les montagnes environnantes, d’autres dans l’Aude ou dans l’Aubrac, sont distillées à la ferme dans des alambics en cuivre pour obtenir des huiles essentielles et des hydrolats. Une production qui s’écoule dans la proximité, auprès des particuliers et de bio-coop.

L’été, la ferme est aussi un terrain de stages pour la reconnaissance et d’utilisation des plantes médicinales, conçus sur les nombreuses espèces que recèlent les jardins et la flore diversifiée de la montagne. Passionné de botanique depuis toujours, Michel Thouzery a suivi des études en biologie et zootechnie. Diplômé en « Conseils et information en phytothérapie et aromathérapie », il est autodidacte en herboristerie et mène des recherches en ethnobotanique avec l’association « Plantes et nomades » en Mauritanie et Mongolie. Dans ce cadre, il organise un stage du 15 au 22 avril 2018 sur la découverte des plantes médicinales sauvages cultivées dans cette région berbère du sud du Haut Atlas avec visite des jardins et randonnées en montagne, cueillette et distillation de la rose de Damas…
Il travaille également avec le Groupement d’intérêt économique (GIE) Zone verte, regroupant une douzaine de vétérinaires ruraux qui pratiquent une médecine alternative. La demande de formation autour des remèdes à base de plante est très importante, témoigne-t-il, et « nous sommes à la limite de pouvoir y répondre ». Après être passé par Thoard, Seyne-les-Alpes et Saint-Michel-l’Observatoire, Michel Thouzery reviendra dans le département au mois de mai, avec l’association Heliose.

N.V.

Infos :www.ariege.com/le-paquetayre
www.plantesetnomades.wordpress.com
www.roseatlas.com