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Filière fromagère : le point faible d’un produit de consommation occasionnelle

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La filière fromagère fermière compte parmi celles qui souffrent le plus de la crise du COVID-19. Les producteurs de Banon ne font pas exception...

La filière fromagère est particulièrement impactée par la crise du COVID-19. Personne ne semble épargné alors que le confinement et la restriction des modalités de commercialisation sont intervenus en pleine période de production.
Ainsi, la consommation de Banon, comme la majorité des AOP, connaît une baisse significative. « Nous avons connu un fort ralentissement de nos ventes : nous avions la perspective des fêtes de Pâques qui n’ont pas eu lieu, les rayons de fromages à la coupe de la grande distribution ont majoritairement fermé, ainsi que les restaurants, et les consommateurs ont changé leurs habitudes de consommation », confirme Géraldine Casella, directrice de la Fromagerie de Banon.
« On essaie tout de même de maintenir notre activité, de livrer nos clients et, point primordial, nous continuons à collecter le lait de nos producteurs, malgré la baisse de notre activité. Faire partie du groupe Lactalis nous permet de tenir le cap dans ce genre de tempête ».

Bref, tempère Géraldine Casella : « on reste confiant sur la consommation du Banon AOP, les Français aiment le fromage, la qualité, les AOP et les consommateurs retournent sur une consommation à peu près normale ». De plus, « nous nous adaptons aux nouveaux types de consommation. Sur le site www.fromage.com nous avons mis en avant un banon dans un plateau de fromages “solidaire ” dont 5 € sont reversés à l’APHP (l’Assistance publique des hôpitaux de Paris) ».

La solution généralisée du report

Chez les producteurs fermiers, la vente, et donc la production, ne sont pas moins en souffrance. Ainsi du GAEC du Recuit, à Beaujeu qui, comme bon nombre d’éleveurs pratiquant la transformation fromagère, commercialise en vente directe. « Je vends 60 % de ma production sur les marchés et 40 % aux intermédiaires. Le problème a commencé avec la restauration, qui représente 10 à 15 % de ma production. Ensuite, il y a eu la fermeture des marchés, en particulier celle du marché de Digne et, pour moi, le bouquet final a été de ne plus pouvoir vendre aux deux maisons de retraite que je fournissais », explique Mathieu Garcin, qui transforme annuellement l’intégralité des quelque 50 000 litres de lait produits avec ses 80 chèvres. D’ordinaire, il fait environ 12 000 fromages de Banon par an. En ce moment, ce n’est pas le cas.
« Aujourd’hui, le problème est que, sur le 04, en fromages on est excédentaires. Or, il n’y a plus de lait qui sort du département et les affineurs réattaquent avec de toutes petites quantités », analyse-t-il. De plus, « dans certains hypermarchés, il n’y a plus de vente physique et pour se faire référencer sur les drive, c’est la croix et la bannière ».

C’est grâce aux moyennes surfaces qu’il arrive en partie à écouler sa production : « ce qui m’a permis de limiter de limiter la casse, c’est que je suis en bio et quasiment seul sur ce créneau ».
Il vend également sur le drive de Digne, fait de la vente à la ferme et organise un point de vente sur la commune du Brusquet, située à un peu moins d’une dizaine de kilomètres de chez lui.

Enfin, comme tous ses confrères, il pratique très largement le report. « Une année normale, je fais environ 50 tommes. D’habitude, je suis court en fromage toute l’année : je ne fais pas de sec et je vends rarement des affinés ». Par chance, sa capacité de stockage est à la mesure de ses besoins. « Je peux stocker entre 250 et 280 tommes de 10 litres ». Le jeune éleveur estime qu’au retour à la normale, il aura divisé par deux le nom¬bre de ses ventes. Mais il n’estime pas être le plus à plaindre. « Heureusement, j’ai repris une exploitation qui marchait et je n’ai pas d’emprunt. Le problème, c’est pour les producteurs qui débutent et dont c’est la première année de production. J’ai peur qu’ils aient du mal à s’en relever ».