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Grêle : La DDT sur le terrain pour constater les dégâts

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Un violent orage de grêle a touché le nord de Sisteron le 31 juillet. Les vergers alentours et une pépinière ont notamment été impactés.

Le ciel s’est déchainé le 31 juillet sur le nord de Sisteron et le plateau de Soleilhet. Des trombes d’eau et de grêle se sont abattues sur les vergers déjà bien malmenés par le gel du mois d’avril.
Sur certaines parcelles même les filets paragrêle n’ont pu empêcher les dégâts. « Les filets en chapelle n’ont pas résisté au poids de la grêle et se sont ouverts. Des poteaux ont cassé sous le poids des grêlons. Ceux avec des élastiques ont tenu, mais les parcelles les plus jeunes n’étaient évidemment pas équipées », confie dépité Franck Houbé, arboriculteur du secteur.

En effet, les vergers les plus impactés ont été les premières ou deuxièmes feuilles sur lesquels des filets ne sont traditionnellement pas encore implantés.
Jeudi 5 août Géraud Toubert, chef du service économie agricole de la Direction départementale du territoire (DDT) s’est rendu sur le terrain accompagné de Thierry Gaudin de la Chambre d’agriculture des Alpes-de-Haute-Provence et d’arboriculteurs du secteur en prévision du Comité départemental d’expertise des calamités agricoles (CDE) qui devait se tenir la semaine suivante.

Vers un changement des pratiques ?

Le rendez-vous était donné dans un verger des Vergers de Haute-Provence, ces deux hectares de variété club avaient été plantés cet hiver.
Les stigmates de l’orage étaient parfaitement visibles même sans trop s’approcher des arbres, les fruits noircies montraient des impacts parfaitement identifiables et les branches étaient constellées de blessures plus ou mon importantes. « Nous ne savons pas du tout comment les arbres vont réagir, explique Franck Houbé. Ces blessures sont propices au feu bactérien et au chancre et tous les arbres sont touchés. Il est fort probable que l’an prochain ils ne donnent rien et cette année ils vont stagner. Nous avons déjà fait des traitements pour les aider mais l’incertitude plane. Avant, on mettait des filets pour protéger la récolte maintenant il va falloir en mettre pour protéger le végétal. »
Tous les arboriculteurs présents affichaient une mine sombre et préoccupée quelques mois à peine après avoir constaté les dégâts de la gelée noire du mois d’avril. « S’il faut que nous équipions nos jeunes vergers cela va représenter un investissement considérable. Il faut compter 50 000 €/ha pour la plantation et les filets », révèlent-ils.
Géraud Toubert a consciencieusement réalisé des relevés et pris des photos pour préparer les dossiers d’indemnisation. Les arboriculteurs touchés peuvent espérer une indemnisation à hauteur de 25 % des pertes, cependant cela ne prend pas en compte la réaction des arbres meurtris qui représente une grosse perte de fonds.

La visite s’est ensuite poursuivie dans les vergers de Benjamin Cucchetti à Sisteron dont les jeunes vergers ont aussi été touchés à l’instar des champs de maïs qui les jouxtent où les feuilles ressemblent à de la dentelle. « L’an prochain je dois replanter, eh bien, je me serrerai la ceinture et je mettrai directement des filets », s’exclame le jeune homme fataliste et résigné en remettant les relevés de sa station météo au représentant de la DDT pour qu’il puisse les analyser.

C’est ensuite à la pépinière forestière de Bruno Robin à Valernes que le représentant de la DDT a rejoint ses collègues de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaff) venus spécialement de Marseille pour établir le constat. Au sein de cette pépinière sont produits les arbres qui peuplent les forêts françaises : pins, cèdres, chênes, etc. et que la famille Robin choie de la graine au plant avant de les remettre à l’Office national des forêts. Un organisme qui est extrêmement exigeant et demande des plants parfaits, conformes au code forestier. Tous sont méticuleusement contrôlés lors de la livraison et les plants refusés ne peuvent pas être utilisés ailleurs. « Un plant qui n’a plus de bourgeon de tête n’est plus un plant forestier », explique Bruno Robin.

Une indemnisation minime

Chaque plant fait l’objet d’une traçabilité complète afin de savoir exactement quel plant est implanté dans quelle forêt.
L’expertise des plants touchés par la grêle, plusieurs centaines de milliers, est un travail minutieux et de longue haleine car il faut le faire lot par lot, ligne par ligne afin d’évaluer au mieux les pertes sachant que celles-ci ne sont pas éligibles aux calamités agricoles car il s’agit de pertes de fonds et non de récolte.
Bruno Robin peut espérer une indemnisation de l’ordre de 23 % de 80 % du prix, fixé il y a 15 ans, le barème n’ayant pas été revu depuis « autant dire pas grand-chose même si c’est toujours mieux que rien vu que nous ne pouvons pas assurer ces cultures », se désolait-il.
Une seconde journée d’expertise est prévue en septembre avec la Draaff en prévision du CDE de novembre afin de voir l’évolution des cultures.