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Innovation : la truffe blanche est désormais cultivable !

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C’est une première mondiale et c’est dans les Hautes-Alpes ! Le 16 février, à l'occasion d'un point presse organisé en visioconférence, l’Inrae et les Pépinières Robin ont présenté les travaux menés conjointement afin de développer la production contrôlée de truffes blanches

 

C'est incontestablement la star des truffes. Si la truffe de Bourgogne se vend en moyenne autour de 400-600 €/kg et la truffe noire du Périgord entre 500 et 1 000 €/kg, la truffe blanche du Piémont (Tuber magnatum Pico) se vend, elle, entre 1 500 et 3 000 €/kg. Et encore n’est-ce là que la moyenne basse, car son prix, qui tend à s’envoler lors des ventes aux enchères, peut atteindre 50 000 €/kg. La truffe blanche génère une économie de 0,9 milliard €/an pour une production annuelle réduite à quelques dizaines de tonnes.

Une truffe en or, en d’autres termes, qui est sans surprise également la plus rare. Pour cause, alors que plus de 80 % de la production de truffes noires récoltées en France provient de plantations, la truffe blanche se récolte encore exclusivement en forêt dans quelques pays d’Europe, en particulier en Italie et en Europe centrale. En France, on ne la trouve que sur quelques sites dans la Drôme et le Vaucluse. Ou du moins, c’était encore le cas il y a peu !

C'est une innovation à même de sauver la truffe

Car les premières truffes blanches issues de plantations truffières ont été récoltées en 2019. Une première mondiale qui a fait l’objet d’une conférence de presse le 16 février et donné un coup de projecteur exceptionnel sur les Hautes-Alpes et en particulier sur les Pépinières Robin, qui sont avec l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae) à l’origine de ce petit miracle. Si, souligne l’Inrae, des tentatives de culture de la Tuber magnatum ont commencé dès les années 70 en Italie, ces essais se sont révélés infructueux, la situation géographique des plantations dans des zones où cette truffe est présente naturellement rendant “ impossible de confirmer que la production est due aux arbres plantés ou à la truffe présente naturelle-ment dans ces régions ”.

Chez Robin Pépinières, en revanche, il n’en va pas de même. Dans cette petite entreprise familiale dont le siège social est situé à Saint-Laurent-du-Cros, on travaille depuis bien longtemps sur la mycorhization contrôlée.  
Fondées en 1948 par Max Robin, les Pépinières Robin ont commencé par se spécialiser dans la production de plants forestiers pour le reboisement en montagne. C’est 40 ans plus tard que la famille Robin, le père ayant été rejoint entre-temps par ses enfants Bruno, Christine et Cécile, créera un premier laboratoire de mycorhization contrôlée avec l’aide de l’Agence nationale pour la valorisation de la recherche.

D’abord développée pour favoriser la reprise des jeunes plants en condition difficile, cette technique permet aujourd’hui aux Pépinières Robin d’être leader mondial dans le domaine de la mycorhization contrôlée. “ À partir de récoltes de champignons effectuées en forêt, nous avons constitué une mycothèque unique au monde. Notre collection de souches de champignons est aujourd’hui constituée de 182 souches différentes ” précise le gérant Bruno Robin.
À partir des souches de champignons sélectionnées, la production de plants mycorhizés se développe suivant trois axes. Le premier axe concerne la production de plants mycorhizés « haute performance », dont le taux de reprise est augmenté de 100 % en conditions difficiles par rapport à un plant standard.

Le deuxième axe est le « plant champignon », soit la mycorhization de pins par des lactaires ou des bolets pour la création de vergers à champignons. “ La récolte de lac-taires ou de bolets dans le cadre de vergers à champignons a déjà été une première mondiale en 2005 ” indique le pépiniériste.

Le troisième axe est donc la production de plants truffiers « d’excellence », pendant longtemps uniquement mycorhizés avec la truffe noire du Périgord, la truffe de Bourgogne ou avec la truffe d’été. “ Il en manquait une ! ” précise Bruno Robin.

Lire l'article complet paru dans L'Espace Alpin n° 386 du 5 mars 2021