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Le Sénat veut accélérer la politique d'adaptation de la France au changement climatique

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Un rapport parlementaire, adopté à l'unanimité en commission par l'ensemble des groupes politiques du Sénat, appelle les pouvoirs publics à se « préparer plus activement » aux dérèglements climatiques à venir. Il demande la mise en place d'un « plan national d'adaptation de l'agriculture ».

« Peut mieux faire ». Telle est la conclusion d'un vaste rapport parlementaire sur « l'adaptation de la France aux dérèglements climatiques à l'horizon 2050 », adopté à l'unanimité le 16 mai par la délégation à la prospective du Sénat. Les rapporteurs, Ronan Dantec (sénateur EELV de Loire-Atlantique) et Jean-Yves Roux (sénateur PRG des Alpes-de-Haute-Provence), appellent notamment à la mise en place d'un « plan national d'adaptation de l'agriculture ».

Après six mois de travaux et 36 auditions, les parlementaires alertent : « les manifestations du dérèglement climatique sont déjà perceptibles et vont continuer à s'aggraver ». Sécheresses, baisses des précipitations, évènements extrêmes... ces phénomènes sont « les prémisses de bouleversements de plus grande ampleur ».
Or, la mobilisation des pouvoirs publics pour adapter la France au réchauffement est « encore modeste ». Le rapport pointe du doigt le manque d'implication des collectivités, malgré certaines « pionnières », qui ont déjà développé une stratégie de résilience, comme Paris. Pour les sénateurs, c'est toutefois à l’Etat de donner un « signal fort », à travers une « grande loi ».

L'agriculture en première ligne

L'agriculture est « en première ligne » face aux dérèglements climatiques, affirment les parlementaires. Le secteur souffrira d'une « stagnation des rendements », de « modifications dans la qualité organoleptique des produits », et « d'effets sur la santé végétale et animale ». Enfin, il faut « s'attendre à des sécheresses agricoles de plus en plus fréquentes et d'une sévérité inconnue à ce jour ».
Les sénateurs prévoient de « forte tensions sur les ressources en eau », à cause de sa raréfaction. D'ici 2050, la recharge des nappes phréatiques devrait diminuer en moyenne de 10 à 25 % et le débit moyen annuel des cours d'eau de 10 à 40 %. Ils appellent, en conséquence, à mettre en place des politiques de l'eau « adaptées au changement climatiques ».
Cette adaptation passe par le développement du « stockage de l'eau », conditionné toutefois aux changements des pratiques agricoles. Un usage « parcimonieux de la ressource » et « une amélioration des rendements des réseaux d'eau » sont préconisés. Les sénateurs proposent enfin d'organiser « plus efficacement au niveau local » la gestion de l'eau, pour mettre fin à la « logique de confrontation » entre les différents usages.
Les agriculteurs doivent s'attendre à une baisse de la disponibilité des ressources. Pour garder une irrigation au niveau actuel (400 millions m3) sur le bassin Adour Garonne, par exemple, un scénario de « rationnement » est nécessaire, avec une réduction des surfaces irriguées de 35 000 hectares, et un recul de 10 millions euros par an de la valeur ajouté du secteur.

L'agro-écologie comme modèle d'adaptation

L'agriculture devra donc changer ses pratiques. L'agro-écologie est considérée par les sénateurs comme un modèle de résilience, car elle permet de répondre à « l'enjeu de préserva¬tion de la qualité des sols », pour « stocker et restituer l'eau à la plante », sans recourir à « l'irrigation ». Elle permet « d'améliorer la “fertilité” et la vie biologique » des sols, « réduire l'érosion », « l'évapotranspiration », et stocker davantage de carbone.
Au-delà du modèle, une « re-composition de la carte de France des cultures » doit être accompagnée. Le rôle de l'Inra et des Chambres d'agriculture doit être renforcé pour répondre à ces défis. Les assurances auront également leur partie à jouer en « renforçant les mécanismes de couverture assurantielle ». Elles devront toutefois prendre en compte les « efforts d'adaptation des exploitants » dans leurs indemnisations.

Pour l'après 2050, les sénateurs préviennent : le scénario dépendra des efforts faits en matière de baisse des émissions de CO2. « L'adaptation doit être couplée avec une politique d'atténuation du réchauffement, en synergie », précise Ronan Dantec. Car, si rien n'est fait, la France risque d'être « écrasée de chaleur » à la fin du siècle, notamment dans le Sud-Est, où la hausse des températures dépassera les 5 °C en été.

La montagne, un territoire « particulièrement exposé »

Les sénateurs pointent du doigt les conséquences du changement climatique sur la montagne, « particulièrement exposée » par un changement climatique « accéléré ». Ce phénomène devrait « fragiliser les activités pastorales », à travers la baisse de la quantité et qualité de ressource fourragère. Deux phénomènes vont peser sur ces régions : « l'augmentation des épisodes de gel après le démarrage de la végétation » et la hausse de « l'évapotranspiration » qui a déjà augmenté entre « 8 et 13 % dans les Alpes en trente ans ». Conséquence : il faudra une gestion « beaucoup plus dynamique du fourrage par les éleveurs ». Les « tensions en eau » devraient également s'accroître.

FC (Agrapresse)