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Prédation : c’est reparti !

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LOUP | Alors que les animaux commencent tout juste à sortir, la DDT des Alpes de Haute-Provence faisait état au 13 avril de 63 % d’attaques supplémentaires par rapport à 2017 dans le 04.

Au 31 décembre 2017, on comptait 11803 victimes indemnisées. Trois ans auparavant, on n’en comptait « que » 8 577… Soit une augmentation de + 37,6 % du nombre de victimes entre le 1er janvier 2014 et le 31 décembre 2017. Le nombre de constats indemnisés est quant à lui passé de 2 306 à 3 179 sur la même période. Soit + 37,8% et, en définitive, un taux comparable au nombre de victimes, en dépit des moyens de protection mis en oeuvre pour diminuer l’impact des attaques sur les troupeaux.
Et pourquoi faudrait-il s’arrêter en si bon chemin ? Au 31 mars, les éleveurs du département des Alpes de Haute-Provence avaient déjà subi 62 attaques (constats indemnisés ou en cours d’instruction), contre 35 l’an passé, et 119 victimes. Au 13 avril, les services de l’Etat recensaient trois attaques supplémentaires avec certains secteurs particulièrement impactés comme la vallée du Jabron, qui a d’ores et déjà été le théâtre de 19 attaques depuis le début de l’année (contre huit attaques en 2017). Les 65 attaques ont impacté 34 exploitants.

Pour l’instant, et pour la bonne raison que les animaux sortent usuellement un peu plus tard, le département des Hautes-Alpes est plutôt épargné : au 31 mars, on ne comptabilisait que deux attaques indemnisables pour trois animaux tués. Pour rappel, le nombre de victimes dénombrées dans ce département dépassait le millier pour la première fois en 2017, avec 373 victimes de plus que l’année précédente.
« On se moque de la profession », s’insurge le président de la chambre d’agriculture 04 Frédéric Esmiol. « Quels que soient les moyens mis en oeuvre, ils ne fonctionnent pas ! Tout le monde est désabusé, désespéré et on se sent démuni parce qu’on n’a plus de propositions à faire. Même si l’Etat engage des moyens, nous avons un ministre complètement fermé. Nous avons des parlementaires qui ont compris le désarroi des éleveurs et c’est une bonne chose, tout comme le fait qu’un groupe de parlementaires doive se déplacer à la rencontre des éleveurs, mais c’est beaucoup d’études et beaucoup de temps perdu alors qu’on tient le même discours depuis 20 ans », estime-t-il en pointant également les difficultés supplémentaires que génère la présence des chiens de protection dans les alpages. A la Confédération paysanne, même ton. « C’est grave et la société ne réagit pas. On commence à être à court de possibilités : à chaque fois qu’on a mis en oeuvre de nouvelles mesures de protection, le loup les a contournées. Il faut rendre la brebis dangereuse à chasser pour le loup, mais ce n’est pas au berger de s’en charger et on ne peut pas en demander plus aux éleveurs », alerte le porte-parole de la Conf’04 Yannick Becker. « On a de plus en de plus de communes qui interdisent les troupeaux protégés par des chiens et les nouvelles réglementations sont de plus en plus favorables au loup et anti-élevage. Si ça continue comme ça, c’est la fin de l’élevage, le seul moyen d’avoir de la viande française sera de faire du hors sol. Et sans élevage pastoral, c’est l’avenir garanti des avalanches, des incendies, de la fermeture des milieux, la fin des beaux paysages et donc la fin du tourisme », commente Francis Solda, président du CERPAM.

Pour mémoire, le montant des indemnisations faisant suite aux attaques sur les troupeaux domestiques s’est élevé durant l’année 2017 à 3,7 M€, dont 2,5 M€ sur la région Paca. Au 18 avril 2018, cinq loups avaient été décomptés du plafond autorisé de prélèvements pour l’année en cours sur un nombre maximum fixé à 40.

Comment défendre son troupeau

Le plan national loup et activités d’élevage 2018-2023 permet aux éleveurs de défendre leur troupeau au travers des mesures de protection subventionnées (gardiennage, chien, filets,…) et des tirs de défense sur autorisation préfectorale. À noter également que les tirs d’effarouchement non létaux sont autorisés (hors zone coeur de Parc national), et que ceux-ci ne nécessitent pas d’autorisation. Il existe deux dispositifs de tir de défense, proportionnés à la prédation observée sur et à proximité du troupeau :

1) Les tirs de défense simples
Cette autorisation est délivrée à tout éleveur ou groupement pastoral mettant en oeuvre des mesures de protection du troupeau. Elle permet à son titulaire, ou à tout autre chasseur détenteur d’un permis de chasser validé qu’il désignera, de tirer sur un loup qui attaquerait le troupeau.

2) Les tirs de défense renforcée
Cette autorisation est dévolue aux éleveurs ou groupements pastoraux ayant mis en place un tir de défense simple et subissant le plus d’attaques (au moins 3 attaques dans les 12 mois précédant la demande sur le troupeau, ou dans la commune où le troupeau pâture). Elle permet à son titulaire de mobiliser jusqu’à 10 chasseurs détenteurs d’un permis de chasser validé et formés par l’ONCFS pour défendre le troupeau. Les éleveurs bénéficiant d’une autorisation de tir de défense renforcée peuvent également demander à mobiliser la brigade Loup de l’ONCFS pour leur prêter main-forte. Pour la mise en oeuvre opérationnelle de ces tirs, les éleveurs peuvent mobiliser le lieutenant de louveterie de leur secteur. Il se fera le relais vers l’ensemble des chasseurs mobilisables, et en particulier les quelque 2 000 chasseurs formés et habilités à mettre en oeuvre les tirs de défense renforcés dans chacun des départements.
Pour plus d’information et pour demander ces autorisations, les éleveurs peuvent contacter :
DDT des Alpes de Haute-Provence : ddt-sea-pp@alpes-de-hauteprovence. gouv.fr

St.M.C.