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Une « mort programmée » de la filière poire ?

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Le mancozèbe sera interdit en Europe à partir de l’an prochain. Un coup dur pour la filière poire des Alpes-du-Sud.

Le 23 octobre, les experts des États membres ont donné, lors de la réunion du comité permanent sur les produits phytosanitaires, leur feu vert à la proposition de la Commission européenne visant à ne pas renouveler l’autorisation de mise sur le marché communautaire du mancozèbe. Ce fongicide, utilisé notamment pour traiter le mildiou et, en arboriculture fruitière, pour lutter contre la rouille grillagée, est la troisième substance active la plus utilisée dans l’UE derrière le glyphosate et le prosulfocarbe. Sa commercialisation sera interdite à compter du 1er janvier 2021, mais une période de transition d’un an est prévue, laissant six mois aux distributeurs et six mois de plus aux agriculteurs pour écouler leurs stocks.

Une absence d’alternative efficace

« Pour certaines productions, le retrait du mancozèbe signe un arrêt de mort », alerte le collectif Sauvons les fruits et légumes dans un communiqué paru le 27 octobre. En poirier, en particulier, « le mancozèbe est la seule solution contre la rouille grillagée. Son retrait condamne ces vergers à très court terme dans les régions de montagne comme les Alpes (600 ha soit 15 % du verger français de poiriers) et à moyen terme sur l'ensemble du territoire ».

Cette perspective, qui inquiétait la profession depuis plusieurs mois, avait fait l’objet d’une question écrite au gouvernement de la part de Patricia Morhet-Richaud, alors sénatrice des Hautes-Alpes, le 23 avril dernier. La parlementaire avait fait valoir l’importance de ce fongicide pour la filière arboriculture des Alpes-du-Sud. « À ce jour, seule l'utilisation du mancozèbe, dans le mois qui suit la floraison avec deux à trois traitements sur une période de dix jours, permet l'éradication de cette maladie dans les vergers labellisés écoresponsables », avait-elle plaidé. « Si le mancozèbe venait à être retiré des intrants commercialisés en France, la culture du poirier n'y survivrait pas ».
Le ministère de l’Agriculture et de l’alimentation avait alors balayé l’argument, arguant que le mancozèbe répondait à un double critère d’exclusion, l'autorité européenne de sécurité des aliments ayant mis en évidence dans le cadre de sa réévaluation fin 2019 « un profil de danger très défavorable, avec notamment une proposition de classification harmonisée de toxique pour la reproduction de catégorie 1 et de cancérogène de catégorie 2 ». De plus, avait ajouté le ministère « le mancozèbe répond aux critères de perturbateur endocrinien pour l'homme ».
Désormais, la chose est entendue. Une « décision unilatérale laissant encore une fois les producteurs complètement démunis en l'absence d'alternative efficace et moins impactante pour l'environnement », dénonce le collectif Sauvons les fruits et légumes.
 

Téléchargez la suite de l'article de l'Espace Alpin du 6 novembre