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Cathy Gibault, vétérinaire dévouée aux criquets de Crau

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Cathy Gibault, est vétérinaire, durant plus de 15 ans elle a travaillé en parc zoologique sur des programmes de conservation d’espèces menacées. Depuis 2014, elle contribue à l’amélioration des connaissances sur le Criquet de Crau. Aujourd’hui elle est coordinatrice du programme d’élevage du Criquet de Crau mis en place dans le cadre du Programme Life SOS Criquet de Crau. Nous lui donnons la parole...

 

 

 

 

 

  • Quelles sont tes missions dans le cadre du programme Life SOS Criquet de Crau ?

Depuis 8 ans, je collabore avec le Conservatoire d’espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d’Azur en tant que biologiste de la conservation du Criquet de Crau. Aujourd’hui, je coordonne à la fois l’élevage ex situ et in situ. Il y a désormais 3 stations d’élevage ex situ (le parc animalier de la Barben, le parc zoologique de Besançon et ma station en Corrèze), et 2 stations d’élevage in situ. L’objectif est d’améliorer le succès de l’élevage en captivité, en augmentant le nombre des éclosions et le taux de survie des jeunes criquets. A terme cela doit nous permettre d’augmenter la population de Criquet de Crau par réintroductions d’individus dans le milieu naturel.

  • A quels enjeux es-tu confrontée ?   

D’année en année, on en apprend davantage sur le Criquet de Crau. L’espèce est très spécialisée. Si on ne la retrouve qu’en Crau, ce n’est pas par hasard. Elle est totalement adaptée à ce milieu qui est également très particulier. De ce fait, il est délicat de décrypter les conditions qui sont nécessaires à son développement, à la réalisation de son cycle de développement complet et à les reproduire de manière artificielle.

  • Quelles sont les difficultés rencontrées ?   

Le temps d’expérimentation est court. On peut observer les criquets seulement pendant trois ou quatre mois, car la durée de vie du Criquet de Crau est courte. De ce fait, on peut avoir le sentiment de ne pas avancer très vite, mais on accumule tout de même au fur et à mesure des connaissances. Notamment, observer le comportement des criquets en terrarium nous apprend énormément de choses. Cela me fascine.

Parmi les énigmes encore à résoudre : on ne sait pas exactement comment les femelles pondent dans leur milieu naturel et quelles sont les conditions nécessaires pour un bon développement des œufs. On ne sait pas comment elles choisissent leur site de ponte, ni comment elles déposent précisément l’oothèque dans le sol.

  • En quoi le Criquet de Crau diffère des autres espèces bénéficiant d’un programme de protection ? 

Le Criquet de Crau est la première espèce d’insecte au monde à avoir bénéficié d’une stratégie de conservation élaborée selon les normes de l’UICN. Alors que le déclin massif et rapide des insectes est reconnu par tous, la très grande majorité des programmes de conservation concerne essentiellement des mammifères et des oiseaux.

  • As-tu un message à faire passer aux personnes qui ne connaissent pas le Criquet de Crau ?   

De manière plus générale, intéressez-vous aux petites bêtes présentes autour de nous, pas seulement aux mammifères, aux oiseaux, qui sont bien visibles, qui sont plus attractifs, qui suscitent plus d’intérêt, d’émotion. Toutes les petites bestioles qui gravitent autour de nous ont un rôle. Même si parfois il est moins spectaculaire.

Le Criquet de Crau joue son rôle dans l’écosystème de la Crau, à nous de le préserver.

 

Propos recueillis par Gaïa Ollivier