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Cours d'eau : une rencontre entre tensions et apaisement

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Le directeur départemental des territoires est venu rencontrer les agriculteurs riverains du Buëch et des Elus

Dans notre numéro du 28 mai nous vous faisions part de l’inquiétude des agriculteurs riverains du Buëch à Châteauneuf-de-Chabre qui avait eu connaissance du projet du Syndicat inter-communautaire du Buëch et des affluents (Smigiba) de détruire une digue qui protège plusieurs hectares de terres agricoles. Le but de cet effacement serait de protéger des parcelles sur la commune de Mison dans les Alpes-de-Haute-Provence qui sont régulièrement impactées par la rivière en cas de crue. 

Une rencontre a donc été organisée le mardi 8 juin à l’initiative de la FDSEA 05 et de la Chambre d’agriculture avec Thierry Chapel, le Directeur général des territoires les élus, les agriculteurs riverains, les élus de la commune de Châteauneuf-de-Chabre, de Ribiers et de Mison, mais aussi les techniciens de la DDT, ceux du Smigiba ainsi que le président du syndicat.  

Le rendez-vous était tout d’abord donné sur les terres de Laurent Graille, l’arboriculteur dont les vergers sont les plus proches de la digue menacée de destruction, du moins en partie selon les dires du Smigiba. Les discussions, dans un contexte de tension très palpable, ont débuté autour d’Albert Moullet, ancien maire de la commune à l’origine de cet aménagement qui tenait à expliquer la genèse et la réflexion qui avait amené la municipalité à faire ce choix. 

Le DDT a immédiatement tenu face à la véhémence de certaines discussions a rappelé l’objet de sa visite. “ Je suis ici pour effectuer une réunion technique et rien d’autre ” appuyait-il. “ Je veux que l’on m’explique comment ça fonctionne ”.

Préserver les terres agricoles coûte que coûte

René Laurans, président de la FDSEA 05 a, cependant, tenu à lui rappeler qu’il fallait également tenir compte des remarques des « gens qui connaissent le Buëch et le côtoient tous les jours ». 

Thierry Chapel n’a eu de cesse de répéter au cours de cette rencontre que son but était et resterait la préservation des terres agricoles mais qu’il souhaitait avoir les explications des hydrauliciens présents. Ceux-ci ont expliqué schémas, photos et représentations graphiques à l’appui que la destruction partielle de cet épi était la meilleure solution pour préserver les terres situées sur la commune de Mison. 

La discussion s’est notamment axée sur l’ilôt boisé situé au centre du Buëch dont le démantèlement serait, selon les riverains, une solution pour résoudre le problème sans avoir à détruire la digue et mettre les vergers de Laurent Graille en danger. Celui-ci qui paraissait très touché a interpellé Cyril Ruhl, le technicien du Smigiba en lui demandant s’il était prêt « à engager son métier » comme le sien le serait si la digue était détruite. Cyril Ruhl soutenait que tant que la digue serait en place il y aurait des risques d’écoulements à Mison. 

Tentant d’apaiser le débat qui se faisait de plus en plus tendu Thierry Chapel a proposé qu’une étude hydraulique soit menée en partenariat avec ses homologues bas-alpins afin d’effectuer un diagnostic, pour trouver des solutions adéquates et pérennes qui puissent préserver les deux parties.

Tous se sont tout de même accordés sur le fait qu’il y avait eu un problème de communication quant au projet concernant cette digue puisque les riverains ont eu l’impression d’être mis devant le fait accompli avec une décision de destruction totalement tranchée, sans même qu’ils aient été consultés.  Et, que sans l’intervention de la Chambre d’agriculture la destruction aurait peut-être déjà eu lieu.

Plusieurs fois le DDT a réaffirmé qu’il n’était plus du tout question d’un démantèlement. “ Il ne faut pas qu’il y ait de tabou, il faut vraiment faire des simulations pour trouver les bonnes solutions. On va commencer par écouter la science et après on voit. Je le répète encore, notre souci est la préservation des terres agricoles. Il faut se donner le temps de tester toutes les solutions et de les faire évo-luer dans le temps ” martelait-il.

Des mesures d'urgence

Bernard Allard-Latour, Elu à la Chambre d’agriculture réagissait : “ Des techniciens remettent en cause ce que d’autres techniciens ont fait il y a des années. Pourquoi ne pourrait-on pas remettre en cause aussi leur analyse aujourd’hui. Il faut rester humble ! ”.

L’assemblée s’est ensuite dirigée à Mison pour voir les terres érodées par les précédentes crues et qui seraient impactées par la présence de la digue de Châteauneuf. Guillaume Verdier, inspecteur de l’environnement à l’Office français de la biodiversité expliquait que selon lui il fallait inciter la rivière à déposer et à arracher et non le faire pour elle.  Les agriculteurs étaient, quant à eux, très inquiets concernant les délais, les études étant souvent chronophages et insistaient sur la nécessité d’agir rapidement notamment avant l’automne. René Laurans demandait alors à ce que des travaux soient effectués dans l'attente de ces résultats. Il souhaitait également que les riverains y soient associés compte tenu de leur connaissance du terrain. 

Un accord semble avoir été trouvé pour que le Smigiba conduise ces travaux d'urgence dont il faudra encore précisé la nature exacte.

A.G - Article paru dans L'Espace Alpin n° 392 du vendredi 11 juin 2021