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Des échanges techniques enrichissants et fructueux

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Une trentaine d’agriculteurs membres de Groupes DEPHY/GIEE/Ferme 30 000, d’Isère, d’Ain, de Savoie et des Alpes-de-Haute-Provence s’est retrouvée à Pierrerue et à Oppedette pour des visites instructives.

En vue du changement climatique, d’une perspective de réchauffement et de la baisse de la pluviométrie dans leur région, une trentaine d’agriculteurs membres des cinq  Groupes 30 000 de la coopérative Oxyane en région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) est venue en voyage d’études pour rencontrer des agriculteurs de Paca membres du  groupe DEPHY Grandes Cultures et du GIEE ABCSud et discuter de leurs pratiques culturales afin de mieux envisager l’avenir.
Ces agriculteurs, travaillent habituellement dans leur collectif sur le développement de filières, les couverts végétaux, les réductions des intrants ainsi que sur le travail du sol, les OAD et la certification HVE. Leur voyage d’études a été l’occasion de rencontrer des agriculteurs de la région Paca et d’échanger sur leurs pratiques agricoles  afin d’appréhender de nouvelles techniques pour s’adapter aux changements climatiques.
La première visite a eu lieu chez Éric et Florian Jean du Gaec des Charentais à Pierrerue dans les Alpes-de-Haute-Provence, membres du GIEE ABC-Sud animé par  Agribio 04.
Ce GIEE, né en 2020, comprend 19 agriculteurs céréaliers et polyculteurs-éleveurs de la région. Il travaille à l’augmentation de la couverture végétale, la réduction du  travail du sol et à la diversification des rotations en grandes cultures biologiques. En agriculture biologique depuis 25 ans, les agriculteurs du Gaec des Charentais ont arrêté le  labour en 2019, ne font plus qu’un travail superficiel et visent l’autonomie alimentaire du troupeau. Afin d’atteindre les objectifs, ils ont mis en place certaines pratiques très intéressantes.

Partage d’expériences

Dans les rotations, l’avoine, semée à l’automne, est très polyvalente : elle peut être pâturée durant l’hiver, fauchée pour faire du fourrage ou encore récoltée en graine pour nourrir le troupeau. Elle est également semée dans une luzerne vivante pour mieux sécuriser la ressource fourragère en sortie d’hiver dans un contexte où la pression phytonome est de plus en plus forte dans la région, pression accentuée par les sécheresses à répétition. Le sorgho, graminée résistante à la sécheresse, est très intéressant pour faire pâturer le troupeau à l’automne. Il est semé de manière échelonnée à partir du 15 juin puis pâturé par les brebis au cours de l’automne jusqu’à mi-octobre, juste avant les premières gelées. Le sorgho est en effet très sensible au gel, jaunit dès que les températures s’approchent de zéro et perd en appétence.
D’un point de vue mécanique, l’outil phare de l’exploitation est le scalpeur rotatif qui détruit la culture en place une fois qu’elle est bien rabattue. Il travaille à 4-5 cm de profondeur et coupe les plantes au collet. Il a l’avantage de passer un peu partout mais a pour inconvénient de travailler un peu lentement et de consommer du carburant. Le semis avec un semoir combiné classique peut ensuite être réalisé. Pour conclure, pour s’adapter au changement climatique, les exploitants disent qu’il faut être flexible et opportuniste dans ses pratiques et avoir la possibilité de changer les rotations en fonction de la météo.

Laurent Fayet du Gaec du Fenouillet à Oppedette toujours dans les Alpes-de-Haute-Provence a ensuite accueilli les visiteurs. Il est membre du groupe DEPHY Grandes Cultures animé par la Chambre d’agriculture départementale. Ce groupe DEPHY, né en janvier 2022, comprend huit agriculteurs et deux lycées agricoles. Les objectifs sont de travailler sur la fertilité des sols avec la couverture des sols, le développement des couverts végétaux et la baisse du travail du sol ainsi que sur la baisse des produits phytosanitaires et sur les outils d’aide à la décision.

Des sujets très variés

À la suite de grosses problématiques liées à l’érosion des sols et au ravinement, Laurent Fayet a basculé depuis une quinzaine d’années en semis direct sur ses terres pauvres, peu profondes et sans irrigation. Pour assurer une réussite de ces nouvelles pratiques, l’agriculteur a allongé ses rotations et à limiter le retour du blé dur, qui revenait trop fréquemment. Il a ainsi (re)développé certaines cultures comme la luzerne fourrage, la luzerne porte-graines, la sauge sclarée et le colza. Les cultures de printemps ont disparu de la rotation car elles sont de plus en plus compliquées à mener à leur terme au regard des conditions sèches du printemps.
La luzerne est donc la tête de rotation. Grâce à sa bonne couverture du sol, elle nettoie les terres. Au bout de trois ans, après la dernière coupe, elle est roulée ce qui la blesse, puis un petit passage de glyphosate la calme sans la tuer. Le blé est ensuite semé en direct dans cette luzerne et se développe correctement. Au printemps, le blé est désherbé normalement et la luzerne régulée. Après la récolte du blé, la luzerne, qui est restée en couvert, se développe de nouveau, couvre et enrichit le sol et améliore sa fertilité. De plus, le développement du semis direct et l’allongement des rotations limitent la présence de fusariose et les rendements n’ont pas diminué voir sembleraient meilleurs et plus réguliers. Les coûts de gasoil et de matériel ont énormément réduit.

Le semoir à semis direct à disque très polyvalent a permis cette réorientation complète de l’exploitation. Il a une très bonne efficacité de travail et passe même en présence de résidus de cultures importants. L’exploitant conclut que grâce à ce changement de pratiques, les vers de terre sont beaucoup plus présents dans ses parcelles ce qui indique que la vie du sol a été stimulée, le sol, à part sur le premier centimètre, qui reste dur, est devenu beaucoup plus souple et la problématique d’érosion a disparu.
Cette rencontre a favorisé un transfert de connaissances et de compétences entre tous les agriculteurs. De nombreux thèmes techniques, économiques et environnementaux ont été abordés comme la fertilité des sols et son amélioration, la réduction du travail du sol, le machinisme, la baisse des produits phytosanitaires, les contraintes économiques, etc. Et chacun est reparti avec de nouvelles idées et de nouveaux essais à mettre en place sur sa ferme.

Sarah Parent, CA04
Conseillère d'entreprise
Agronomie et productions végétales / Réseau Déphy

sparent@remove-this.ahp.chambagri.fr

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