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Dossier Travail : S’organiser pour optimiser

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Aujourd’hui, les agriculteurs appréhendent leur métier différemment et pour cela beaucoup repensent leur rapport au travail. La gestion des activités au sein des exploitations est scrutée et fait souvent l’objet d’une attention particulière.

Le travail en agriculture, des enjeux importants

L'arrivée d’une nouvelle génération dans le monde agricole a modifié le rapport des agriculteurs à leur travail. Ils ne conçoivent plus le métier comme leurs aînés pour qui, parfois, la passion su sait. Aujourd’hui, les nouveaux installés veulent concilier vie professionnelle, famille et loisirs.

 

Pour cela, ils doivent impérativement s’organiser et choisissent de plus en plus souvent de travailler à plusieurs. Cependant, même dans ce cas de
gure, voire plus, le travail demande lui aussi une bonne organisation que ce soit au sein d’une société agricole (Gaec, EARL, etc.) ou d’une Cuma pour que personne ne soit lésé et pour maintenir un équilibre. « Il y a eu un choc générationnel avec la mécanisation qui a changé la manière de travailler de nos jours, ce sont les mentalités des nouveaux installés qui changent et qui poussent le travail sur les exploitations à évoluer », analyse Benjamin Ferrand, président de Jeunes Agriculteurs 04. « L’approche du travail n’est plus la même, ajoute Nathan Heyries, son secrétaire général adjoint qui s’est longtemps occupé de ces questions au sein du syndicat. Les jeunes qui s’installent ont une nouvelle conception de leur travail et ne veulent pas, pour ceux issus du monde agricole, se laisser « vampiriser » par leur ferme, ils veulent profiter davantage de leurs familles et voir leurs enfants grandir. Ils sont donc amenés à aménager leurs activités en fonction en gardant toujours cette idée en tête. Je pense que c’est pour cela que l’on voit beaucoup de petites exploitations se créer mais aussi que de nombreux agriculteurs se tournent vers les structures collectives comme les coopératives pour pouvoir alléger les contraintes ou mutualiser les matériels. »

Benjamin Ferrand pointe aussi la charge administrative qui pèse sur les exploitants et qui les poussent à se tourner vers le collectif pour une meilleure répartition des tâches. Il admet aussi que la nouvelle génération accepte peut-être plus facilement de demander de l’aide et d’avoir recours aux dispositifs d’aides auxquels elle peut avoir accès : Service de remplacement, Groupement d’employeurs, MSA, etc. « Nous sommes à la croisée des chemins et une nouvelle agriculture est en train de naître », déclare-t-il. En effet, nombre d’agriculteurs donnent un sens nouveau à leur métier en prenant en compte de nombreux facteurs c’est pourquoi des structures, comme l’Institut de l’élevage (Idèle), se sont penchées sur ces questions notamment au travers d’un Réseau mixte technologique (RMT) Travail en agriculture. Celui-ci réunit des conseillers, des enseignants, des chercheurs et des acteurs du monde agricole, une cinquantaine, qui réfl échissent sur ces problématiques. L’objectif est d’accompagner les agriculteurs vers un métier plus viable, durable socialement en conciliant le bien-être et la capacité à évoluer.

Ces travaux s’organisent autour de quatre axes : les transformations du travail en agriculture, les comprendre pour favoriser l’attractivité des activités agricoles dans la société ; les organisations collectives de travail dans les territoires, fonctionnement, gouvernance et renouvellement des générations ; la qualité de vie au travail, la santé physique et psychique, le rôle des nouvelles technologies ; et enfi la prise en compte du travail dans l’accompagnement et la formation, outils et méthodes pour les enseignants et les conseillers, mutualisation et mise en synergie de pratiques pédagogiques et de conseil. Un grand nombre de projets en ont découlé portant sur plusieurs filières comme les porcins, les équins, les ovins, les caprins, etc. Beaucoup ont même bénéficié d’un financement du Compte d’affectation spéciale développement agricole et rural (Casdar) du ministère de l’Agriculture.

Sur le site Internet dédié (idele.fr/rmt-travail/) de nombreuses fiches sont disponibles présentant la synthèse de ces travaux ainsi que des webinaires sur des thèmes très variés. Le dernier datant du 31 mai étant, par exemple, consacré à la prédation et ses conséquences sur la santé et les conditions de travail.

« La manière de penser à changé, explique Christine Ginamard, coordinatrice de projets à l’Idèle, spécialiste des caprins qui a participé à ce RMT notamment sur le projet TRAC sur l’organisation du travail dans les exploitations en circuits courts. Avant, pour être un bon agriculteur il fallait faire des heures et on travaillait seul. Maintenant, notamment pour les circuits courts, il ne faut pas être seul. Beaucoup sous-estiment les interactions spatiales et temporelles, c’est-à-dire les moments où l’on n’est pas sur l’exploitation : marchés, livraisons, vie de famille, etc. Cette question doit vraiment être prise en amont. Lors de nos études nous avons travaillé avec de nombreuses filières dans toutes les régions de France et par exemple en maraîchage nous avons observé qu’au bout de cinq ans les gens qui s’installaient seuls soit ne l’étaient plus, soit avaient arrêté leur activité. Il faut partager le travail et la charge mentale. Dans une association, il faut aussi savoir s’interroger sur ce que l’on aime et ce que l’on n’aime pas dans son travail pour répartir les charges ou les partager équitablement. C’est important pour ne pas créer de souff rance », conclut-elle.

Télécharger le dossier complet paru dans L'Espace Alpin n° 458 du vendredi 7 juin 2024

Dossier réalisé par Alexandra Gelber

 

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