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Economie : rebondir après 2020, « annus horribilis »

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L’Agence de développement des Hautes-Alpes a tenu son assemblée générale le 28 mai dernier, entre état des lieux et perspectives de relance

L’Agence de développement des Hautes-Alpes a tenu son assemblée générale en visioconférence depuis les vergers du domaine de Pradelle, un lieu choisi dans le sillage dévastateur de la gelée noire. 

« Annus horribilis », c’est ainsi que le président Patrick Ricou qualifiera cet exercice 2020 mis à mal par la crise sanitaire. Le fil rouge des échanges s’est positionné entre la mesure de la dégringolade et les perspectives du rebond. Sur fond d’urgence économique et climatique, quatre tables rondes (tourisme, agriculture, énergie, mobilité) se sont tournées vers un avenir rivé aux potentialités des ressources locales.

Après cinq années de croissance  soutenue, le coup d’arrêt a fragilisé la quasi-totalité des secteurs d’activité. La crise a frappé de plein fouet la locomotive du département, le tourisme, qui génère 35  % de la richesse locale et 15 000 emplois avec une forte capacité d’entraînement économique. La saison d’hiver 2019/2020 a été brutalement interrompue, suivie d’un printemps en berne puis d’un été record en termes de fréquentation. Une courte respiration avant la catastrophe qui a atteint des sommets en décembre dernier, à la suite de la décision du gouvernement de fermer les remontées mécaniques. L’activité a chuté de 74 % à Noël. 

Si les dispositifs d’État ont pu amortir les chocs et contenir les défaillances, le manque à gagner demeure considérable et « le pire est à craindre dans les mois à venir ». L’Agence de développement, les chambres consulaires, la Fédération du bâtiment et l’Union des entreprises ont rencontré les exécutifs intercommunaux afin de bâtir une nouvelle feuille de route et saisir toutes les opportunités du Plan de relance. Dans ce cadre 169 projets structurants ont été recensés (parmi lesquels l’abattoir de Gap).

L’agriculture entre saison « blanche » et gelée noire

Si l’agriculture a plutôt bien négocié le premier temps de la crise, « grâce à une incroyable inventivité », la saison d’hiver « blanche » a plombé le champ de la pluriactivité et des débouchés commerciaux. C’est un autre fléau qui a dévasté l’arboriculture haut-alpine. Président de Superalp, Laurent Gabet est venu retracer l’épisode d’un combat aussi rude que vain contre la vague historique de  gelée noire. La production en pommes a perdu 50 % de ses fruits et toutes les poires sont tombées. La fréquence des coups de gel s’accélère et les impacts s’intensifient. “ Ça devient très compliqué financièrement et moralement sur nos exploitations ”, a témoigné l’arboriculteur. L’accent a été mis sur des vergers précurseurs (du point de vue de l’éco-responsabilité, de la labélisation et de la conversion en bio) ainsi que sur l’importance économique d’une filière locale représentant en pommes 10 % de la production nationale et comptant en poires, deux entités dans le top cinq des entreprises françaises. 

Dans la tendance des produits locaux et des circuits courts, “ l’agriculture des Hautes-Alpes est en phase avec les attentes des consommateurs ” a poursuivi Patrick Ricou. “ Mais on ne peut pas se satisfaire de ce mouvement, il faut l’anticiper, mener un travail en profondeur sur la structuration des filières pour générer de  la valeur ajoutée identifiée ”.

Pour illustrer le propos Jérôme Tramuset, de la fromagerie de La Durance et Alexandre Lagier président de l’association du Bleu du Queyras, ont témoigné de la carte à jouer sur la montée en gamme. Patrick Ricou a relevé dans ce sens le travail de fond entrepris  par la Chambre d’agriculture sur la filière laitière ainsi que l’émergence du nouvel outil fédérateur que constitue le Projet alimentaire ter-ritorial.

Nadia Ventre - Article paru dans L'Espace Alpin n° 392 du 11 juin 2021