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Gel en viticulture : quelles méthodes préventives pour limiter les risques et quels moyens de lutte ?

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Les années 2020 et 2021 ont durement impacté notre vignoble. Pour limiter les pertes, différents axes de réflexion peuvent être menés en amont et même dès la plantation d'une parcelle (choix du terrain, choix du cépage, pratiques de taille, fertilisation...).

Méthodes préventives pour limiter les risques de gel

Choix du terrain

Il est déconseillé d’installer des parcelles dans des zones gélives : creux de terrain ou fonds de vallon, car l’air froid étant plus dense, il va avoir tendance à s’y accumuler. Il est également déconseillé de planter des haies en bas de parcelles en pente. La présence de ce rideau de végétation va empêcher l’écoulement de l’air froid vers le bas de la pente, qui va donc stagner sur la parcelle et augmenter le risque de gel.

Choix du cépage

Il est conseillé de privilégier l’implantation de cépages à débourrement plutôt tardif comme par exemple le mourvèdre n ou même l’ugni blanc dans les zones à risques. A noter qu’il existe une hétérogénéité de comportement entre les cépages suite au gel et que certains d’entre eux  tel la clairette b « remonte » plus de raisin que d’autres après un gel (bourgeons de la couronne présentant une certaine fertilité), mais ces résultats sont encore à confirmer par des études complémentaires.

Limiter l’humidité dans les parcelles

Il est important de maîtriser l’enherbement du cavaillon et de l’inter-rang par la tonte ou le travail du sol car l’herbe haute crée un microclimat frais et humide. Le vitipastoralisme peut ainsi être un réel atout.

En revanche, il est déconseillé de travailler les sols et de tondre dans les 2 à 5 jours qui précèdent des risques de gelées. En effet, le sol travaillé et l’herbe tondue libèrent de l’humidité ce qui peut aggraver les risques de gel.

Adapter la taille

  • Taille tardive : Il est conseillé de privilégier une taille tardive (février-mars). A l’échelle de l’exploitation, on peut tailler en dernier les parcelles gélives ce qui va permettre de retarder leur débourrement.
  • Taille en deux temps : On peut également mettre en place une taille en deux temps : tailler une première fois en conservant les sarments sélectionnés sous forme de baguettes puis finir de tailler en courson après la période de risque de gel. En cas de gel, ce sont les bourgeons de l’extrémité des baguettes qui se sont développés en premier qui gèleront et non les bourgeons de la base qui n’ont pas encore débourré.

Cette technique est applicable sur les parcelles n’ayant pas de problème de vigueur, dans les secteurs tardifs et lorsque le gel ne survient pas trop tard dans la saison. A noter que si cette technique est mise en place, il peut être intéressant de supplémenter la fertilisation azotée de 5 à 10 unités d’azote afin d’accompagner ce double débourrement.

En effet, la technique est déconseillée sur les parcelles peu vigoureuses car elle demande à la vigne de mobiliser ses réserves deux fois pour effectuer deux débourrements (bourgeons de l’extrémité puis de la base des baguettes). Sur les secteurs précoces et si le gel est tard dans la saison, il est possible que les bourgeons de la base des baguettes aient déjà débourré. Ils seront donc sensibles au gel et on perd le bénéfice de cette technique.

Soigner la fertilisation

En l’absence de carences avérées par des analyses de sol ou des analyses pétiolaires, il convient de compenser les exportations annuelles de la vigne et d’adapter les apports selon la vigueur des parcelles, les pratiques culturales (enherbement, engrais verts, travail du sol) et les objectifs de production.

Ainsi pour un objectif de rendement de 50 hl/ha, les apports conseillés sont de : 30 unités d’azote, de 50 unités de potassium et de 15 unités de magnésium.

Concernant l’azote, la vigne vit sur ses réserves jusqu’au stade de 5 à 6 feuilles étalées.
Puis l’absorption de l’azote de la vigne sera fonction de la minéralisation du sol, comme le montre le schéma ci-dessous. Cette minéralisation est elle-même fortement dépendante de la climatologie et en particulier de la pluviométrie.


 
Ainsi en absence de pluie, cette minéralisation peut être accélérée par le travail du sol.
Attention, cependant : un excès d’apport en azote avant la nouaison peut favoriser l’expression du mildiou et le risque de coulure.

 

Moyens de lutte contre le gel

Vous pouvez consulter également sur cette thématique le document : "Moyens de lutte contre le gel, utilisations et performances au printemps 2021 en Pays de Loire", résultat d'un travail menép par les chambres d'agriculture sur les différents moyens de lutte contre le gel (description des gels au printemps 2021, moyens de lutte utilisés et performance: tours fixes - tours mobiles - tour mobile, brasero et feux de souches - frostguard et bougies - bougies - fils chauffants - aspersion -autres moyens utilisés,conclusions et perspectives.).



Références bibliographiques :
IFV, Cahier itinéraires n°27, Aléas climatiques de la vigne, La grêle et le gel de printemps : comment s’en protéger ?, octobre 2018
ATV 49, Fiche Tech’Viti Gel, mars 2020