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La Camargue unie des deux côtés du Rhône

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Jacques Mailhan, Fanny Tamisier, Magali Saumade, Patrick Lévêque, Bertrand Mazel et Cédric Santucci, élus à la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône et du Gard, se sont rencontrés, le 22 septembre dernier (photo : DR).

Le 22 septembre en Arles, une rencontre a eu lieu entre Patrick Lévêque, président de la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône, accompagné de deux élus à la Chambre - Bertrand Mazel, président Syndicat des riziculteurs, et Jacques Mailhan, manadier - et ses homologues gardois. Enjeu ? Défendre le modèle agricole camarguais.

“Que serait la Camargue sans son agriculture ?“, expliquait Patrick Lévêque, président de la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône, le 22 septembre dernier, lors d’une rencontre avec son homologue de la Chambre d’agriculture du Gard, Magali Saumade. “Certainement une vaste plaine salée et stérile où toute la richesse écologique qui en fait l’attractivité serait complètement bannie“, poursuivait-il. “Des deux côtés du Rhône, les agriculteurs camarguais rencontrent les mêmes problématiques, raison pour laquelle il nous semble logique, avec Patrick Lévêque, de défendre ensemble nos dossiers, notamment le devenir des manadiers et des riziculteurs, malmenés par la crise mais aussi par une administration trop déconnectée de la réalité du terrain“, relançait Magali Saumade.

Ainsi, les deux départements séparés par le Rhône ont décidé de s’unir, de s’accorder sur les problématiques communes et de porter leurs craintes d’une seule et même voix. Car pour les deux présidents, le constat est le même : “Le scénario catastrophe se précise : l’agriculture camarguaise est malmenée ces dernières années, à coups de réglementations environnementales toujours plus contraignantes, de baisses de financements publics, sans oublier la sanctuarisation des milieux avec l'acquisition du foncier par divers organismes. Le changement climatique annoncé, mais que nous avons déjà subi ces dix dernières années, rajoute une fragilité à l’équilibre de ce territoire. Nous avons décidé, avec Magali Saumade, de tirer la sonnette d’alarme et d’agir avec tous ceux qui partagent notre vision d'une Camargue où l'économie a toute sa place, avec des agriculteurs nombreux, libres de leurs choix, pour répondre à l’enjeu de sécurité alimentaire de nos territoires“, poursuivait Patrick Lévêque.

Des constats partagés

Certes, les problèmes sont divers : d’ordre réglementaire, local, purement européen et l’action doit être ajustée à chacun de ces niveaux. “Cette première rencontre marque une étape, pour alerter et faire savoir les problèmes rencontrés par les Camarguais“, souligne Claude Baury, responsable du pôle ‘Qualité – Eau – Environnement’, à la Chambre d’agriculture 13. Nul doute que la deuxième étape sera une prise de rendez-vous avec les préfets des deux départements, mais aussi les services de l’État et les négociateurs du ministère de l’Agriculture français et européens, sur le volet de la Pac, ou les instances en charge de l’eau, via le Comité de bassin en particulier.

Lors de cette rencontre – qui se déroulait en présence de Bertrand Mazel, président Syndicat des riziculteurs, et de Jacques Mailhan, manadier, mais aussi de leurs homologues gardois, Fanny Tamisier et Cédric Santucci – les élus s’accordent bien volontiers sur les spécificités agricoles de la Camargue. “La remise en cause de la carte des cours d’eau et la pérennisation des réseaux collectifs d’irrigation“ font craindre le pire aux agriculteurs, pour qui “sans une gestion concertée de l’eau, pas d’agriculture camarguaise. Et sans manades ni rizières, plus de Camargue“, résumait Magali Saumade.

Il faut dire que les éleveurs de taureaux et de chevaux Camargue sont particulièrement impactés par la crise du Covid-19. En effet, contrairement à des exploitations agricoles classiques, la vie économique des manades repose sur les activités culturelles, sportives et touristiques. Selon la Fédération des manadiers, 60 % de leur activité ont été en arrêt total pendant le confinement, signifiant ainsi l’absence de recettes, mais avec des charges fixes maintenues. Or, les recettes d’une manade sont constituées d’environ 27 % de courses camarguaises, spectacles et traditions, et de 31 % du tourisme/hébergement, le reste reposant sur les produits viande et les aides. “Soulignons que 64 manades entretiennent 11 000 hectares en Camargue en élevage extensif“, note par ailleurs le président de la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône.

Un environnement unique, une économie à préserver

S’il faut saluer l’initiative portée par trois manadiers – Bérenger Aubanel, Christophe Brunetti et Frédéric Lescot – de proposer un gobelet solidaire réutilisable, dont les bénéfices sont reversés aux manadiers, elle ne suffira pas pour sauver la filière et l’agriculture camarguaise, située dans un environnement unique.

En effet, en étant la seule culture immergée, la riziculture joue un rôle primordial contre la salinisation des terres de Camargue, sans oublier l’économie propre de cette zone : ainsi, en 2017, 200 exploitations rizicoles - deux tiers dans les Bouches-du-Rhône, un tiers dans le Gard - couvraient quelque 15 000 hectares, pour une production de 90 000 tonnes générant un chiffre d’affaires de 80 millions d’euros et 2 000 emplois directs (amont et aval). Sans compter que riziculteurs comme manadiers ont bien compris l’importance d’une agriculture de qualité, qui fait vivre les hommes, tout en préservant les enjeux environnementaux de la Camargue. Rappelons que le riz de Camargue est reconnu par une Indication géographique protégée (IGP), et que le taureau de Camargue est devenu, en 1996, la première viande bovine française bénéficiant d’une appellation d’origine.

Source Agriculteur Provençal : Céline Zambujo et Chambre d'agriculture 13