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Ovins : « Un énorme danger pèse sur nos moutons »

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La Fédération départementale Ovine des Hautes-Alpes monte au créneau sur l’avenir de l'élevage dans un contexte tendu et incertain

 

L’élevage ovin, a de tout temps été très présent dans les Hautes-Alpes, puisque très bien adapté à l’utilisation de ce territoire de montagne, à sa valorisation et à l’entretien de cet immense espace pastoral.

Les nombreux services rendus par cette activité ne sont plus à démontrer et tout le monde s’accorde à le reconnaître. L’élevage a de formidables atouts dans le département et dans la région PACA, la structuration des filières, notamment de la filière ovine. Sans oublier les circuits courts, et la vente de proximité qui se développent. Les démarches de qualité, Label rouge, IGP et la présence du bassin de consommation méditerranéen sont des chances qu’il est bon de rappeler, tant elles pourraient paraître évidentes.   

Mais cela ne s’est pas construit tout seul, ce sont des hommes et des femmes, qui tout au long des décennies, ont échangé, ont construit, ont évolué, ont créé, ont grandi. Ils ont formé des groupes, puis des syndicats pour construire et défendre les intérêts des agriculteurs. 

Au nom de la Fédération départementale ovine des Hautes Alpes (FDO) nous ne pouvons que remercier les générations d’agriculteurs qui se sont succédé pour défendre et accompagner leur métier. La tâche reste immense, et les enjeux ne cessent de s’amplifier et de se complexifier. Mais une constante persiste et reste centrale dans cette équation où l’on ne sait plus compter le nombre d’inconnus : l’homme et la condition humaine.

Nous pourrions parler de prix de la viande d’agneaux, qui résiste pour l’instant très bien à la Covid et au Brexit. Nous devrions échanger sur la PAC, des bienfaits qu’elle a eu pour notre agriculture, des réglages qu’il est nécessaire d’opérer pour la rendre plus juste. Un énorme danger pèse sur nos moutons si nous n’arrivons pas à conserver un couplage des aides à la production. Une brebis doit faire un agneau pour nourrir son éleveur. Nous pourrions éviter de parler de la laine, qui a perdu son marché, ou au contraire se retrousser les manches et essayer collectivement de lui construire un avenir.

Encore faudrait-il pour échanger sur ces sujets, ne pas être soucieux, obnubilés, tracassés, meurtris, par ce fléau qui nous pourri la vie depuis plus de 20 ans.
Certes, nous sommes écoutés, parfois même entendus et compris. Certes, nous sommes accompagnés et aidés par notre administration. Mais cela ne suffit pas à sortir du désarroi les éleveurs passionnés que nous sommes.

Et puis, il y a l’opinion publique et des minorités s’évertuant à la monter contre notre métier. Nous remercions ici toutes les personnes, agriculteurs, chasseurs, élus, ou simples ruraux qui se mobilisent à notre appel pour manifester nos désaccords.

Si Jean de La Fontaine, Charles Perrault ou les frères Grimm étaient aujourd’hui encore de ce monde, ils se seraient certainement affairés à écrire une fable ou un conte, en voyant notre mobilisation devant le tribunal de Gap pour défendre la ruralité. Ils auraient peut-être raconté l’histoire d’un homme aux traits tirés, presque blême qui partit du Dévoluy, invité par sa grand-mère Justice pour s’expliquer d’un cadeau qu’il aurait fait, au nom de la ruralité, sortant de l’hôtel du Département, aurait traversé une forêt de soutiens. Des arbres vigoureux, pour certains de jeunes pousses ardentes, pour d’autres des bois d’œuvres bien ancrés dans leur terroir, pour d’autres arborant des couleurs kaki et orange fluo ou encore celles de la république. Et même un grand arbre venu d’une autre contrée, dont le ramage évoque les contreforts des Pyrénées, un arbre robuste qui provoque l’admiration ou la circonspection, mais qui ne laisse pas indifférent tant ses racines sont attachées profondément à la ruralité.

L’homme serait passé à côté de plantes sans racines, vociférant, convaincues que l’on doit rendre la sauvagerie à la nature. Passant ensuite devant une haie d’uniformes, il serait rentré dans la maison ou le huit clos, il ne dira pas si les oreilles et les bouches grandes ouvertes, les manches déployées et les grandes dents n’auront fait que de prouver que sur le sujet de la prédation on se mord la queue !

L’avenir du pastoralisme dépend d’une convention signée par des hommes dont les descendants, suradministrés, légiférant au moindre fait-divers, sont dans l’incapacité de choisir entre l’insupportable destin des éleveurs et la vision idyllique de la nature.

Peut-on humainement, en conscience s’y résoudre ? Pour nous, la réponse est non !

Lionel Orciere, coprésident de la Fédération départementale ovine
(article paru dans L'Espace Alpin n° 386 du 5 mars 2021)


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