Portrait : Gamin, il gambadait dans les vertes prairies, désormais il y met ses brebis laitières
En rive droite de la rivière Drac, le Château Robert a fière allure. Sur le fronton de la façade baignée de soleil, une date : 1886. Celle de la construction de la bâtisse cossue édifiée par un ancêtre de la famille qui occupe toujours les lieux. Au milieu du XIXe siècle, de nombreux Champsaurins émigrèrent vers l’ouest des États-Unis d’Amérique.
L’un d’eux, ayant à son tour réussi une vie professionnelle à Los Angeles, avait eu les ressources nécessaires pour bâtir cette belle maison pour son retour à la mère patrie. Faire appel à ce pan d’histoire locale, c’est ouvrir un autre chapitre, bien contemporain celui-là, écrit depuis peu de temps par Jean-Damien Martin. Aujourd’hui trentenaire, installé dans les bâtiments de la ferme qu’il a en location, attenante à la maison bourgeoise décrite, il a créé sa propre exploitation agricole, un cheptel de brebis laitières avec transformation de sa production Robert avait des vaches laitières, récoltait des pommes de terre, cultivait un grand potager, autant de produits destinés aux pensionnaires du centre. J’étais souvent avec lui ou avec son ouvrier agricole. »
Cultiver les souvenirs
Une fois le domicile familial rejoint, dans le « nord » de la France, c’est-à-dire quelques kilomètres après avoir quitté le Champsaur-Valgaudemar, le devoir de mémoire ne manquait sans doute pas d’être activé. Pour être un peu plus nourri à chaque séjour qui suivait. Alors, Jean-Damien connaît-il cette phrase du romancier Alphonse Karr : « On n’invente qu’avec le souvenir ». C’est ce qu’a entrepris de faire, à sa manière, le jeune éleveur.
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Maurice Fortoul