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Prédation : L’angoisse chevillée au corps des éleveurs bas-alpins

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Parallèlement à la manifestation régionale à Gap, les branches bas-alpines des syndicats et de la Chambre d’agriculture ont organisé une rencontre avec la presse à Mallemoisson.

Quelques heures auparavant, dès potron-minet, les jeunes agriculteurs s’étaient retrouvés devant la préfecture pour allumer des bougies et se recueillir en hommage aux victimes du loup.
C’est le visage grave et la mine sombre que les responsables syndicaux ont débuté leur plaidoyer pour exprimer leur détresse, leur exaspération et leur colère face à une situation qui ne cesse de s’aggraver. Étaient présents pour la FDSEA 04 Laurent Depieds, le président ; Caroline Ailhaud, la secrétaire générale ; Quentin Bayle membre du bureau ; pour la Fédération départementale ovine (FDO) le co-président Julien Giraud ; Margot Mégis, la présidente de Jeunes Agriculteurs 04 et Olivier Pascal, vice-président de la Chambre d’agriculture.
Tous déploraient que le grand public ne se rende pas compte de ce que la prédation représente réellement pour les éleveurs.
« Aujourd’hui il y a une quarantaine de départements colonisés par le loup, en 2011, c’était neuf, assénait Laurent Depieds le président de la FDSEA 04. C’est 12 000 victimes contre 4 691 en 2010. Les éleveurs vivent une angoisse permanente, les troupeaux sont traumatisés. C’est aussi la santé et la vie de famille des éleveurs qui sont altérées. Ce sont de vrais drames familiaux qui se jouent. Certains éleveurs abandonnent même l’élevage en plein air ce qui conduit à un ensauvagement et menace des modes de vie ancestraux. »
Ils ont également voulu pointer la problématique des chiens de protection et les problèmes de cohabitation avec les randonneurs. « C’est la double peine, il faut écarter la responsabilité des éleveurs qui sont obligés d’avoir des chiens, en cas de conflit d’usage. Il faut leur enlever cette épée de Damosclès », poursuivait Laurent Depieds.

La responsabilité de tous

L’ensemble des Organisations professionnelles agricoles (OPA) réclame un comptage contradictoire de la population de loup, une revendication reprise par Chris-tiane Lambert lors de sa visite dans les Hautes-Alpes (voir page 4). Meilleur comptage signifie meilleur prélèvement. « Nous n’avons pas de chiffres précis mais une chose est sûre nous n’avons jamais vu autant de loups, s’exclamait Olivier Pascal. On en voit partout ! Il faut donner les moyens aux éleveurs de se défendre en tous lieux et à n’importe quel moment. Les éleveurs ne sont pas des tueurs de loups, ils sont là pour vivre de leur passion et de leur métier. Il ne faut pas tuer pour tuer mais protéger les troupeaux en éliminant les individus déviants. Il faut éduquer le loup et pour cela il n’y a qu’un seul moyen : prélever. »
Caroline Ailhaud ajoutait : « nous voulons être protégés comme tous les autres citoyens. Nous ne pouvons pas subir cela plus longtemps. ».
Les éleveurs déplorent la faiblesse des moyens et des effectifs des brigades loups « Pour tout le territoire national nous n’avons qu’une brigade loup, détaillait Margot Mégis, ce n’est pas calibré pour la problématique que nous avons. »
« Ça ne va pas avec ce que nous dit le préfet coordinateur loup qui veut tuer du loup. Aujourd’hui, ils tuent des loups qui tuent des moutons mais ils ne tuent pas tous les loups qui tuent des moutons, donc il va falloir tuer des loups », complétait Julien Giraud.

Les OPA demandent aussi à ce que le budget consacré au loup ne soit plus pris sur le budget de l’agriculture par le biais du FEADER mais sur celui du ministère de l’Écologie afin que les fonds consacrés à l’installation de jeunes agriculteurs, le développement des filières ou l’aménagement du territoire ne soient pas grévés.
Pour conclure Caroline Ailhaud appelait les consommateurs à prendre également leurs responsabilités en se posant des questions sur ce qu’ils veulent consommer. « Les éleveurs subissent une pression qui ne serait tolérée dans aucune autre profession et la vision des éleveurs est tronquée par les lobbies. Sans éleveurs, nos paysages vont changer, il faut défendre l’élevage », martelaient les représentants syndicaux.