Prédation : quand un chercheur casse le mythe
Entre histoire, sociologie, pastoralisme et éthologie, Michel Meuret a décortiqué les rapports que l’homme et le loup ont pu et peuvent encore entretenir. Dans une démonstration à la fois sérieuse et simple, il a souligné combien les loups étaient, depuis plus de 11 500 ans (avant J.-C.), date d’apparition de la domestication du bétail, une source de nuisances plus ou moins importante pour le bétail, avec un risque pour les humains. « La coexistence pourra certes être apaisée mais jamais paisible », a-t-il affirmé.
Face à ce prédateur, l’homme s’est adapté en protégeant ses troupeaux comme il le fait aujourd’hui. Mais ce qui différencie les temps anciens de l’époque contemporaine, c’est la pression constante que l’homme exerçait alors sur le loup « en tuant ceux qui s’attaquaient à leurs bêtes ». Or la France, dont la quasi-totalité des départements à l’exception de quelques-uns (Manche, Seine-Maritime, Charente-Maritime…) étaient peuplés de loups à la fin du XVIIIe siècle, a connu pendant presqu’un siècle (80 ans) une période blanche, sans meute identifiée sur son territoire.
Or, la France des années 2020 n’a plus rien à voir avec celles des années 1920 : indus-trialisation, expansion des villes, désagriculturisation du pays, développement des activités de loisirs… Le statut du loup a lui aussi évolué gagnant au passage un brevet d’espèce strictement protégée. Le plus inquiétant est que les premières années de son retour, la présence du loup « a été gardée secrète par les pouvoirs publics, dans l’attente de ce statut de protection stricte », a-t-il ouvertement accusé, provoquant des soubresauts dans l’assistance. À cette époque, les chiens errants, les chiens « divagants » avaient d’ailleurs bon dos.
Renforcement positif et négatif
Érigé en icône de la biodiversité et surtout en objet politique, le loup est devenu d’autant plus intouchable que les scientifiques ont vanté son apport pour la biodiversité en s’appuyant sur sa réintroduction dans le parc de Yellowstone. En Europe, il est même vu comme un « modèle atypique car il ne correspond pas au modèle idéal “sauvage”, tel que les scientifiques l’ont décrit aux États-Unis ».
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Source Actuagri