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Retour sur la session de la Chambre d'agriculture des Alpes de Haute-Provence

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La session de printemps de la chambre consulaire s’est tenue devant une salle comble jeudi 16 mars à Digne-les-Bains.

Comme à son habitude le président Frédéric Esmiol a accueilli ses ressortissants et les personnalités du département dans les locaux de la chambre d’agriculture de Digne-les-Bains.

Avant de débuter les travaux, il a rendu hommage à trois personnalités disparues ces dernières semai-nes : David Frison, son 1er vice-président, Simon Merveille et Jean-David Pinatel, dont le père était présent dans la salle.

 

Le président a commencé par un état des lieux de l’agriculture départementale : « l’année passée, nos discussions nous conduisaient, quelques semaines après l’invasion russe en Ukraine, à évoquer les conséquences de ce conflit sur la déstabilisation des échanges mondiaux et ses répercussions pour nos activités. Un an après, nous faisons les comptes ».

Et, ces comptes ne sont pas brillants avec la flambée des coûts de production, la baisse des débouchés, l’inflation qui impacte les prix de plein fouet, les ventes qui chutent.

« En l’absence d’une prise de cons-cience forte de nos dirigeants, pour contraindre l’industrie agroalimentaire et la grande distribution à mieux rémunérer nos produits, on court vers la catastrophe, martelait-il. Ce ne sont pas les boucliers successifs (…) qui vont sortir de l’ornière nos exploitations condamnées, sans une intervention forte et déterminée de la puissance publique, à s’embourber définitivement. »

Il évoque une ambiance générale « morose et plombée » par les démarches administratives et les contraintes réglementaires.

Une situation paradoxale

« L’exaspération du monde agricole répond à une accumulation de contraintes (…) qui finissent par décourager les plus vaillants d’entre nous, poursuivait-il. Au lieu de saluer les progrès de notre agriculture, d’encourager l’évolution de nos pratiques, on contrôle, on sanctionne, on dissuade les plus volontaires à produire. »

Un paradoxe qu’il mettait en parallèle avec le gouvernement qui ne cesse de prôner la souveraineté alimentaire. Il exhortait les pouvoirs publics et la société à reconnaître que les agriculteurs ont déjà fait de nombreux progrès. « Le temps agricole n’est pas le temps politique. On ne manoeuvre pas un paquebot comme on barre un optimiste, illustrait-il. L’agriculture a besoin de temps pour s’adapter, elle l’a prouvé par le passé et elle est tout à fait capable de s’adapter, si tant est, qu’on lui en donne les moyens. »

Il détaillait également les atouts que possède le département où l’installation se porte plutôt bien et qui dispose de « véritables atouts pour réussir la transition agricole en s’adaptant au changement climatique ».

Il reprenait ensuite ses revendications à l’attention du préfet, Marc Chappuis, pointant le fait que le phénomène n’était pas irrémédia-ble : « Faites en sorte, que les prix de nos produits couvrent nos charges de production. Faites en sorte, que le prix de nos produits ne soit pas soumis à une concurrence déloyale qui conduit à retrouver, dans nos assiettes, des produits ne satisfaisant pas à nos contraintes de production et ne répondant pas aux exigences des consommateurs ».

En énonçant les sujets abordés au cours de la session : la gestion de l’eau, l’agrivoltaïsme (voir encadré), la prédation. Il revenait ainsi sur son incompréhension face au propos du préfet coordinateur loup au Salon international de l’agriculture. « Nous n’avons pas besoin d’une énième étude comportementale. On se moque de la détresse des éleveurs, en tenant un tel discours », s’emportait-il avant d’appeler ses collègues agriculteurs à étudier « collectivement, sans passion, avec discernement et dans le temps long, toutes les solutions permettant de répondre à ces enjeux essentiels pour notre agriculture départementale ».

Pour conclure, il reprenait à son compte une notion développée par Christiane Lambert au cours du congrès de la FDSEA04 quelques semaines plus tôt alors qu’elle adressait un message aux jeunes agriculteurs afin qu’ils s’impliquent au sein des organisations professionnelles syndicales, économiques, de services ou sociales. « Je veux rappeler combien cet engagement peut être enrichissant et source d’épanouissement. Rappeler combien il est important, pour notre profession, de renouveler ses responsables professionnels. Vous dire, mais vous le savez déjà, que personne, mieux qu’un agriculteur, ne peut défendre et promouvoir notre métier », scandait l’ancien président de JA04.

Une foule d’inquiétudes

Le président laissait ensuite la parole aux différents représentants des filières afin qu’il dresse un état des lieux de leur secteur. Plusieurs sujets ont soulevé les remarques et les questions de l’assemblée tant certains sujets sont prégnants et pesants comme l’emploi, les incertitudes qui planent encore sur la Pac, l’entretien des cabanes (voir encadré), la souffrance des filières Papam, arboricole ou bio, et bien entendu la prédation qui ne desserre pas son étau, voire le resserre.

Une motion relative à l’usage légal des plantes et préparations peu préoccupantes à l’initiative de la Confédération paysanne a, par ailleurs, été votée à l’unanimité par l’assemblée.

Au cours de la session, le directeur adjoint de la DDT Mathias Borsu a répété à plusieurs reprises que du personnel contractuel avait été recruté pour permettre un meilleur traitement des dossiers et faciliter notamment les déclarations Pac. Il a, par ailleurs, révélé qu’un agriculteur sur cinq n’avait renseigné ni son adresse mail, ni son numéro de téléphone pour les télédéclarations ce qui complique énormément leur travail.

Jean-Michel Tron, vice-président du Conseil départemental en charge de l’agriculture a souligné le succès du SIA 2023 et a rappelé les engagements du Département dans le cadre de la convention qu’il a signé avec la Région. Il a souhaité que l’an prochain la participation au SIA comporte « un volet politique plus important pour sensibiliser en haut-lieu ».

Pour clore l’après-midi, le préfet s’est dit pleinement conscient de la situation critique que vivent les agriculteurs. « Je suis attentif à vos propos sur la morosité et le caractère critique de la situation. Il y a beaucoup de signaux qui montrent que le département est affecté par une crise dont on ne voit pas l’issue. Cette crise est aussi le signe d’une transition que l’on vit tous. J’ai, cependant, la conviction que dans notre département nous avons un temps d’avance sur un certain nombre de sujets. Je ne dis pas cela pour rassurer ou consoler je suis persuadé que l’on peut se donner des objectifs communs en travaillant ensemble. Et, nous arriverons à des petites voire des grandes avancées, déclarait-il. Il faut se fixer des objectifs atteignables pour engranger des petites victoires. »

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