Vous êtes ici : Accueil > Les Actualités proches de vous > Une approche globale qui commence par un milieu favorable pour l’animal

Une approche globale qui commence par un milieu favorable pour l’animal

Accéder aux flux rss de notre siteImprimer la page

Le vétérinaire Paul Polis a animé une formation à la Chambre d’agriculture 04 sur les techniques alternatives de soin.

Réaction inflammatoire de la glande mammaire d'origine infectieuse, provoquée par des bactéries qui pénètrent par le sphincter du trayon, la mammite chez les mères productrices de lait est une problématique fréquente, « un grand classique » dit Paul Polis. Le 17 novembre dernier le vétérinaire, membre du GIE Zone Verte, a animé une formation à la Chambre d’agriculture des Alpes-de-Haute-Provence sur les techniques alternatives pour soigner les animaux atteints d’une pathologie à la mamelle et le choix des traitements.
« La mammite est un problème qui a toujours existé, qui s’est nettement développé avec l’intensification des productions et l’animal tombe malade sur l’organe le plus sollicité », indique le vétérinaire. Si une mammite peut avoir des conséquences très sévères, il s’agit la plupart du temps, d’une infection relativement superficielle et localisée. « C’est récidivant, c’est une lutte permanente, explique Paul Polis. On a cru trouver une solution avec les antibiotiques mais on s’est aperçu qu’ils ne fonctionnent pas. » Tuer les bactéries quand se déclare l’infection, « ce n’est pas efficace parce que les bactéries sont omniprésentes dans l’environnement et reviennent systématiquement. » De surcroît, « les antibiotiques agissent difficilement sur le fond parce qu’ils pénètrent mal dans la mamelle. »

« La préparation à la mise-bas et la gestion alimentaire, c’est extrêmement important »

Pour appréhender la problématique, « nous sommes plutôt sur une réflexion globale pour essayer de soigner la pathologie avec d’autres moyens. » Mais avant de se pencher sur les méthodes alternatives et « enrichir la boîte à outils » des soins, il faut s’interroger sur l’origine de l’infection, préconise le vétérinaire. « Pourquoi les mammites apparaissent-elles ? » On se pose donc au préalable les questions du lieu de vie, du régime de production, des conditions d’hygiène, de lactation… « La préparation à la mise-bas et la gestion alimentaire, c’est extrêmement important et en créant un milieu favorable pour l’animal, la vigi-lance préventive peut régler en partie le problème. La demande des éleveurs, c’est souvent d’avoir une recette de solutions, relève le formateur. Mais ce n’est pas miraculeux. Il faut prendre les choses dans le bon sens, toujours reposer les choses dans leur contexte, commencer par mettre les animaux dans un meilleur état de santé, les mammites seront ainsi moins graves, plus faciles à soigner. »

Orienter la sélection sur la solidité de l’animal

« Nous insistons sur un autre point essentiel, ajoute le vétérinaire : ces dernières années un très gros travail a été réalisé sur la sélection pour accroître la production mais on n’a pas eu de réelle réflexion sur une sélection visant à rendre les animaux plus résistants, plus rustiques. Or, plus l’animal produit plus il est fragile et la présence d’une mammite est preuve de cette fragilité. De mon point de vue le retour à la raison c’est de recommencer à faire une sélection sur la solidité. Si un animal présente un problème réitéré de mammite, il faut l’écarter de la lignée de reproduction. » Cette orientation est selon Paul Polis, peu prise en compte dans les pratiques actuelles, les éleveurs s’étant « beaucoup fiés à la sélection des mâles alors que la sélection fondamentale est celle des animaux qui sont à la ferme, c’est à dire les femelles. Ce travail-là revient à l’éleveur, il faut qu’il le prenne en main. »

Homéopathie et huiles essentielles

Concernant les remèdes, « j’utilise l’homéopathie, les plantes et les huiles essentielles qui ont un caractère antiseptique, explique l’intervenant. Nous avons recours à ces méthodes depuis plus de vingt ans avec des résultats tout à fait satisfaisants. Mais il faut apprendre à s’en servir. L’avantage de ces pratiques alternatives c’est aussi qu’elles donnent un résultat rapide. La diminution de l’utilisation des antibiotiques fait beaucoup de bien dans une situation qui est devenue très grave d’antibio-résistance. Ce moindre recours aux antibiotiques permet également d’avoir le développement d’une flore bactérienne sensible qui facilite les guérisons. On gagne sur les deux tableaux. »
Avec une dizaine d’huiles essentielles, « il y a en général de quoi traiter ce qu’il faut. Aujourd’hui de nombreux éleveurs utilisent l’homéopathie régulièrement. C’est une méthode qui se développe bien, constate le vétérinaire. Premièrement, parce que les gens sont déçus par l’échec des antibiotiques, deuxièmement parce qu’ils sont conscients du problème de l’antibiorésistance. » Le scepticisme quant à ces pratiques alternatives n’est pas un sujet chez les éleveurs selon Paul Polis. « Ce sont des gens très pragmatiques, ils ne font pas de philosophie, dit-il. Si le remède marche, ils l’utilisent. »