Voeux 2024 de Frédéric Esmiol

Après une année 2022 marquée par une sécheresse hivernale exceptionnelle, la hausse vertigineuse du prix de l’énergie, des intrants et des consommables, dire que 2023 a répondu à nos attentes serait un doux euphémisme.

Il n’en est malheureusement rien. La compétitivité de nos entreprises, lourdement impactée par l’augmentation de nos charges, a subi, en 2023, un épisode pluvieux préjudiciable à la production de céréales, de melons et à la viticulture.

Les lavandiculteurs, victimes depuis plusieurs années d’un marché en crise, ont vu en moins de trois jours leur récolte décimée par une chenille arrivée d’Afrique du Nord.

D’une manière générale, à l’exception du marché de la viande qui connait un rebond maitrisé, les prix agricoles ont baissé et les marchés se sont contractés. Je pense plus particulièrement aux marchés du bio et du vin.

Si on ajoute, à cela, les dysfonctionnements des outils informatiques utilisés par l’Etat et la Région qui retardent l’instruction des demandes de subvention et le paiement des aides, on se retrouve à la fin de l’année avec des trésoreries d’exploitations à zéro.

Je n’oublie pas, non plus, l’entrée en vigueur de nouvelles contraintes administratives de production dont la vérification par des contrôleurs pointilleux, suscite oppression et démission parmi les agriculteurs.  

Aussi, comme mes collègues de la FDSEA et de Jeunes AGRICULTEURS, j’accueille favorablement la réponse positive de la Première Ministre à une pause normative ainsi que son renoncement à l’augmentation de la redevance pour pollutions diffuses ainsi qu’à celle pour les prélèvements d'eau, liée à l'irrigation.

Je note, positivement, la volonté du gouvernement de vouloir simplifier les démarches administratives, mais le mets en garde sur les travers de la dématérialisation des procédures qui aboutit systématiquement à une complexification des tâches administratives pour les agriculteurs et une déshumanisation de leurs relations avec leur administration.

La compétitivité des exploitations ne se décrète pas. Elle suppose sur une rémunération équitable de la chaine de production. Le prix de nos produits doit intégrer les efforts de progrès réalisés pour répondre aux objectifs environnementaux.

L’accès aux moyens de production doit être renforcé et soutenu, au regard des enjeux énergétiques. Contrairement à ce que certains voudraient imposer à l’opinion publique, aucune agriculture ne se fera sans eau, sans produits de protection des plantes et sans engrais.

C’est en satisfaisant aux conditions essentielles au renforcement de la compétitivité de nos exploitations que 2024 répondra à nos attentes et à nos espoirs.

Une bonne et heureuse année à toutes et à tous !

Frédéric Esmiol,
Président de la Chambre d'agriculture des Alpes de Haute-Provence