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Dossier désherbage mécanique des sols : Haro sur les adventices !

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Le désherbage mécanique est l’un des leviers pour réduire l’usage des produits phytosanitaires. Avec la raréfaction des produits autorisés, les résistances et la flambée des coûts, de plus en plus de producteurs se tournent vers des solutions mécaniques, et plus seulement en agriculture biologique.

Des atouts indéniables mais des contraintes également

Le désherbage mécanique se pratique dans l'ensemble des productions végétales, que ce soit en viticulture, en grandes cultures, en PAPAM ou en arboriculture… Même s'il existe des règles et des pratiques communes, chaque filière a ses outils et ses spécificités. 

La réalisation d’un bon désherbage mécanique va dépendre de plusieurs facteurs et notamment des stades de développement de la culture et des adventices eux-mêmes. 

Selon les professionnels il faut une bonne préparation des sols ; la réalisation d’un ou plusieurs faux-semis en amont ; favoriser une levée rapide et homogène de la culture pour augmenter son pouvoir concurrentiel ; ajuster la profondeur de semis pour la herse étrille et la houe rotative (si des passages à l’aveugle, sont prévus il faut semer plus profond, permettant par la suite de pouvoir désherber jusqu’au stade un ou deux feuilles ; accroître la densité de semis pour anticiper les pertes (+ 10 %) ; mais aussi intervenir en conditions optimales).

Dans un guide réalisé par les chambres d’agriculture il est précisé que l’efficacité du désherbage mécanique est meilleure quand les adventices sont peu développées et que les vivaces sont difficilement contrôlables avec ce simple levier.

Accepter le salissement

Pour Éric Meynadier, conseiller machinisme à la chambre d’agriculture des Hautes-Alpes et technicien à la Fédération départementale des Cuma des Hautes-Alpes, le désherbage mécanique a été favorisé par les conversions en agriculture biologique et la baisse de l’utilisation des produits phytosanitaires.

En effet, le désherbage mécanique est l’un des leviers de réduction des herbicides en bio. Cependant, une vision globale de l'exploitation est nécessaire pour avoir une bonne efficacité de l'outil mécanique. Il faut en grandes cultures allonger les rotations avec la présence de cultures étouffantes comme le sainfoin, la luzerne etc., jouer sur l'alternance de cultures de printemps et d'hiver ; gérer les intercultures et bien travailler le sol ; avoir des pratiques à la parcelle (décalage des dates de semis, adapter les densités de semis, choisir les variétés…). 

En agriculture conventionnelle et raisonnée, cette pratique a été accrue avec la réduction des produits homologués, les résistances accrues aux produits phyto et le changement climatique.

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A lire également dans ce dossier

• Moins cher que des désherbants peu efficaces

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, à Lardiers, Charles Usseglio a suivi les traces de son père qui a toujours biné mécaniquement ses lavandins.

Charles Usseglio est installé sur les terres familiales de Lardiers depuis 2012 et comme son père avant lui il a choisi de biner mécaniquement ses lavandins. « Financièrement, c’est plus intéressant car moins cher que des désherbants qui sont très peu, voire pas, efficaces, déclare-t-il. Mis à part l’usure des dents et un peu de carburants cela ne coûte pas grand-chose et c’est pas mal pour la planète. Je préfère avoir des plants propres toute l’année plutôt que de passer des produits juste avant la récolte. Ils voulaient nous sortir le binage de la nouvelle Pac pour des questions d’érosion alors qu’aujourd’hui on a des bineuses au top ! D’ailleurs comme le dit le proverbe : un binage vaut deux arrosages, s’amuse-t-il. Personnellement, je vois la différence entre mes plants et ceux du voisin. Ils sont plus résistants car les racines cherchent la profondeur comme je bine au ras, donc ils vont chercher le frais, ils sèchent moins vites, ils sont plus résistants au froid. La première année cela va du simple au double. D’accord, cela prend du temps mais il y a des bénéfices. »

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• Les différents matériels

  • La herse étrille
  • La bineuse
  • La roto-étrille
  • La houe rotative

• L’allié incontournable des arboriculteurs bio

Les arboriculteurs bio de la Cuma Art’Bio dans le sud des Hautes-Alpes se sont unis lors de leur conversion afin de mutualiser les moyens.

Camille Rolland arboriculteur à Mônetier-Allemont est le président de la Cuma Art’Bio qui réunit une dizaine d’arboriculteurs du nord de Sisteron à Tallard qui mènent leurs vergers en agriculture biologique. La création de la Cuma trouve d’ailleurs son point de départ avec cette conversion. « Il y avait la nécessite de s’équiper puisque nous ne pouvons faire que du désherbage mécanique donc nous avons opté pour une NaturaGriffe qui est un porte-outil sur lequel on peut mettre différents outils rotatifs et nous, nous utilisons surtout une brosse métallique qui va couper et mâcher l’herbe, détaille- t-il.

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• Plus de carburant mais moins de chimie

Dans les Hautes-Alpes, à Valserres, Marc Tourniaire préside une Cuma à laquelle adhère une quinzaine de viticulteurs qui fait du désherbage mécanique. 

Au sein de la Cuma Puy Cervier de Valserres une quinzaine de viticulteurs dont une large partie est en agriculture biologique se partage une lame interceps et disposait auparavant d’une décavaillonneuse mais celle-ci ne sert quasiment plus aujourd’hui. L’outil qui entame sa 4e campagne permet de faire ½ rang de chaque côté et sarcle le sol avec un mouvement de va-et-vient. 

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Mener ses cultures autrement

Laurence Curnier et son compagnon Laurent Rominos dans les Alpes-de-Haute-Provence ont fait évoluer leurs pratiques depuis quelques années afin de réduire l’usage de produits phytosanitaires.

Dans le couple que forment Laurence Curnier et Laurent Rominos chacun a son exploitation dans le pays de Forcalquier mais l’entraide est de mise. Laurence fait des grandes cultures : fourrage et céréales et Laurent élève des poules et cultive son maïs. Il y a trois ans ils ont investi tous les deux dans du matériel de désherbage mécanique, une bineuse pour les maïs de Laurent et une herse étrille pour les blés de Laurence.

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Télécharger le dossier complet paru dans L’Espace Alpin n° 445 du vendredi 24 novembre 2023