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La transmission, un processus et des solutions

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RENCONTRES DE LA TRANSMISSION | La 3e édition de cet événement organisée par la Chambre d’agriculture des Alpes-de-Haute-Provence et l’ADEAR 04, a eu lieu mardi 28 novembre à Sisteron.

Mardi 28 novembre, le centre d’affaire de la SEM de Sisteron accueillait la troisième édition des rencontres de la transmission, co-organisée par la Chambre d’agriculture des Alpes-de-Haute-Provence et l’Association pour le développement de l’emploi agricole et rural (ADEAR).
La première édition avait eu lieu en 2019, puis le Covid en avait empêché la tenue. Et en 2022, la seconde édition s’était tenue à la fois à Seyne-les-Alpes et à Mane. « À cette époque, nous étions sous un format d’échanges, à partir d’expériences vécues de transmission, explique Maïté Martinez-Garcia, animatrice du Point accueil transmission (PAT) de la chambre d’agriculture. Avec Coralie Gautier, animatrice de l’ADEAR, co-organisatrice de cette rencontre, nous avons eu envie de la faire évoluer vers une modalité forum, permettant aux cédants et repreneurs de pouvoir rencontrer, en une seule journée, le plus grand nombre possible d’acteurs impliqués dans le processus de transmission. »

Une synergie de partenaires

Tout autour de la grande salle de réunion du centre d’affaires, des petits espaces d’entretien étaient installés. Il y avait tout d’abord le PAT, le juriste de la chambre d’agricul ture: Martin Feigneux, la juriste du collectif d’experts-comptables CER France, la MSA, la Direction départementale des territoires, le Crédit Agricole, la Banque Populaire, la Safer, Terres de liens et Mosagri.

À 10h tapantes, deux premiers bi nômes « cédants-repreneurs » étaient déjà là, l’un au stand de l’ADEAR, l’autre sur celui de la MSA, tandis qu’un futur cédant s’était installé à la table où étaient regroupés le PAT et le juriste de la chambre d’agriculture. Un petit quart d’heure après, un autre futur retraité est venu s’informer auprès de la représentante de la Direction départementale des territoires.
Bref : la formule fonctionne parfaitement, et permet à chacun de trouver des réponses adaptées. Car, comme l’explique en choeur Martin Feigneux et Maïté Martinez-Garcia : « il y a des processus de transmission, pas une seule recette. On fait du cas par cas, en fonction de la situation de chaque exploitation, de sa filière, de sa forme juridique. Et puis, il y a souvent beaucoup de micro-situations à régler, qui ne sont pas importantes en soi, mais qui, si elles ne sont pas traitées à temps, pourraient compliquer le passage de relais ».

Un peu avant 11h du matin, Charly Audibert, futur retraité de 62 ans, poussait la porte du forum en souriant. Il venait pour raconter sa transmission, car Coralie et Maïté ont voulu que les témoignages et les échanges qu’ils occasionnent puissent toujours être au coeur de ces rencontres de la transmission. Le public quittait donc les petits bureaux d’entretiens, ou bien se tournait vers le centre de la salle, où Charly prenait la parole pour raconter son expérience.

Ne pas forcer les choses

« J’ai commencé à me poser la question de ma retraite il y a déjà quelques années. J’étais éleveur-céréalier à Sigoyer. En 2016, j’ai loué ma bergerie et cédé mes brebis à un couple de bergers qui s’est installé sur mon exploitation, et j’ai continué à m’occuper de mes céréales. En 2020, j’ai fait une formation avec la chambre pour préparer ma retraite, ça m’a donné des outils pour bien réfléchir à la manière de faire les choses pour le volet céréales », racontait-il.
Dans un village voisin, Thèze, Camille et Sylvain Maurel s’étaient alors installés comme «paysan-boulanger ». Si la partie boulangerie fonctionnait bien, ils ne cultivaient, encore, que quelques hectares de blé, et devaient en acheter pour faire tourner leur moulin à farine. « Ils avaient déjà créé un Gaec , expliquait Charly. On s’est donc rencontré, et j’ai commencé à les aider, en leur apportant mon blé. On a travaillé ensemble pendant plus d’une année, on a appris à se connaître, et nous avons commencé tranquillement à évoquer une reprise. Il faut prendre son temps pour une reprise. C’est comme un mariage, il ne faut pas forcer les choses ! »
Charly et ses deux potentiels repreneurs ont décidé ensuite de suivre les conseils d’un juriste, qui leur indiquait le Gaec comme solution concrète pour le passage de relais. «On a procédé à une évaluation de mes terres et de mon matériel, et je les ai apporté avec moi au sein de leur Gaec, racontait Charly. Et puis on a commencé à travailler ensemble. Sylvain est devenu en quelque sorte mon apprenti, tandis que Camille gérait l’administration et le commercial. Au bout d’un an, pour faire face à la quantité de travail, le Gaec a embauché un boulanger salarié. » Car, en effet, la boulangerie doit faire face au problème le plus sympathique, mais pas forcément le plus simple à régler : le succès. « On vend notre pain et notre farine dans un magasin de producteur, dans la zone de Sisteron, mais il y a aussi une fabrique de pâtes artisanales qui nous achète de la farine, expliquait Charly avec enthousiasme. On a du construire une structure de stockage et de triage du grain, et installer un deuxième moulin ! »
Aujourd’hui, donc, Charly est rassuré, l’avenir de sa ferme est assuré. Il continue à travailler aux côtés de Sylvain et Camille, mais il peut enfin prendre des vacances, aller à la chasse, et se consacrer à sa fonction d’adjoint au maire dans sa commune. Il prépare, tranquillement sa cessation complète d’activité agricole. « Mais on a planté quelques vignes, et j’ai dans l’idée de faire mon petit vin à moi ! », concluait-il.
Une histoire de transmission réussie, comme il y en a de nombreuses grâce au PAT et ses partenaires. En effet, en 2023 ce sont plus de 70 personnes qui ont poussé sa porte, de bons résultats que la Chambre d’agriculture espère voir encore progresser.

Pierre Nicolas,
Espace Alpin n°446

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