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Session Chambre “On ne sait pas où on va !”

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Lors de la session, lundi dernier, les élus professionnels ont exprimé leurs craintes sur la capacité de l’institution à continuer d’intervenir dans de nombreux projets, en raison notamment de la perte de recettes fiscales.

Asphyxié par toujours plus de réglementations et de charges, le monde agricole crie son désarroi. Mais l’agriculture doit continuer à se développer sur le territoire. La Chambre d’agriculture y est fortement engagée avec ses partenaires, notamment dans le cadre des plans de massifs.

Les membres de la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône se sont retrouvés lundi dernier en session d’automne. Comme de coutume en cette fin d’année, l’exercice était d’abord consacré aux questions budgétaires, au bilan de l’année, ainsi qu’au vote du budget initial 2024.

Comme le rappelait Patrick Lévêque, directeur de la Chambre, la conjoncture s’est nettement dégradée en 2023 – augmentations successives de la valeur du point Chambre, hausse des dépenses de personnel, inflation du coût de l’énergie, baisse des financements des collectivités et partenaires, etc. – pesant ainsi très fortement sur le budget et la trésorerie de l’établissement. Construit dans un contexte économique contraint, et qui le sera davantage à l’avenir, le budget initial 2024 reste à l’équilibre. Mais prudence. Il ne s’agira pas de baisser la garde en 2024 dans l’organisation interne et la rationalisation des moyens, pour rester en capacité de poursuivre les missions liées au développement de l’agriculture. Et les élus de la Chambre d’agriculture attendent une prise de conscience forte au niveau national de l’évidence du rôle fondamental de l’outil de développement que constituent les Chambres d’agriculture.

Des moyens pour agir

À ce titre, le président de l’institution, n’a pas manqué de pointer la perte de moyens octroyés aux Chambres alors que, dans le même temps, leurs missions ne cessent de croître. “La trajectoire que l’État veut imposer au secteur agricole va nécessiter la mobilisation de moyens d’accompagnement colossaux ! Et, dans les Bouches-du-Rhône, la diversité des filières et des enjeux rendent l’action de nos équipes encore plus difficile. Nous sommes en première ligne sur le front de la pression foncière, des conflits d’usage de la ressource en eau, des zonages environnementaux, de l’adaptation au changement climatique, du sanitaire, des freins de tous ordres au renouvellement des générations. Les Chambres d’agriculture n’accompagneront pas durablement les transitions en cours sans que l’État ne leur donne les moyens d’agir.”

Comme les précédentes, cette session d’automne a accordé une large place aux débats. Les représentants de toutes les filières ont voix au chapitre, et les sujets abordés sont souvent très riches. Le président de la Fédération des chasseurs des Bouches-du-Rhône, Daniel Keller, ouvrait le bal en interpellant le nouveau secrétaire général de la préfecture des Bouches-du-Rhône, Cyrille Le Vely, sur la convention nationale entre chasseurs, agriculteurs et l’État, visant à faire diminuer les dégâts de gibiers. “Les subventions dont devrait bénéficier notre fédération départementale ne correspondent pas au cadre prévu initialement, et la DDTM y a ajouté des nouvelles contraintes”, déplorait Daniel Keller. Mais ce sont surtout les agriculteurs qui ont exprimé leurs inquiétudes. Sur les questions foncières, réglementaires, environnementales avec, en perspectives, les politiques et les décisions qui n’ont de cesse d’empiéter sur leur capacité à produire.

L’illusion de la souveraineté alimentaire

Jean-Pierre Perez, producteur de tomates sur Saint-Rémy, choisissait de cibler le déclin observé dans sa filière. “En un an, notre souveraineté alimentaire a chuté de 12 % sur les fruits et légumes. Nous exploitons moins de surfaces, nous voyons diminuer notre capacité de production, mais nous avons, en revanche, toujours plus de contrôles et de pression sur les épaules.” La profession s’inquiète aussi des discours récurrents autour de la souveraineté alimentaire excluant systématiquement le ‘produit vin’. Ce découpage entre agriculture et alimentation, les viticulteurs n’en veulent plus. “La viticulture fait pourtant bien partie de l’agriculture. Elle occupe les territoires, les aménage, concerne des entreprises de l’amont et de l’aval, des salariés, etc. Il faut arrêter de séparer l’alimentation de l’agriculture, et surtout arrêter de taper sur le vin !”, insiste Jean-Claude Pellegrin, en charge de la viticulture à la Chambre d’agriculture.

L’eau aussi n’a pas manqué d’alimenter les débats. Qu’il s’agisse de “l’arrêté interdépartemental, qui définit les conditions de limitation des usages de l’eau sur le bassin Durance-Verdon, révélateur du rang des priorités auquel est ramenée la production agricole”, observe le président de la Chambre. Ou encore de “l’impact de la hausse de la redevance sur le prélèvement d’eau pour l’irrigation et des annonces du plan Eau, qui ne sont pas acceptables”, pour Xavier Dufour, chargé du dossier pour la Chambre d’agriculture. Et même si “l’agriculture dans le département reste performante, de grande qualité et s’est toujours adaptée”, comme le rappelait Monique Aravecchia, il n’en demeure pas moins qu’il est “très compliqué d’être exploitant agricole, et que l’on ne voit pas où l’État veut nous amener”, résumait le secrétaire général de la Chambre d’agriculture, Laurent Israélian. Ce que le vice-président de la Chambre, Romain Blanchard, n’a pas manqué de confirmer. “Dans le contexte actuel, les agriculteurs ne savent pas où ils vont. Si ! On va dans le mur !”, ironisait-il à peine.

Pour le viticulteur, beaucoup d’interrogations ont été soulevées au cours de l’exercice, mais peu de réponses ont été apportées. “Que sommes-nous censés faire ? Quelle est notre place ?”, interrogeait le membre du bureau de la Chambre d’agriculture en s’adressant à Patrick Vauterin, nouveau directeur à la DDTM des Bouches-du-Rhône.

L’enjeu des massifs

Enfin, la session souhaitait aussi mettre en lumière le travail engagé par la Chambre d’agriculture dans le domaine de l’entretien et de la valorisation des espaces forestiers. Des zones qui offrent aussi dans le département des solutions, au pastoralisme comme à l’agriculture. Dans les Bouches-du-Rhône, dans un contexte de réduction constante des surfaces agricoles, la nécessité de gérer la forêt se traduit par la réalisation de plans de massifs. C’est une solution que la Métropole Aix-Marseille-Provence a choisi pour redéployer l’agriculture dans ses territoires (voir encadré ci-dessous). 

Source : Agriculteur Provençal du 24/11/2023
Auteur et droits image : Emmanuel Delarue



La profession agricole ne comprend plus les injonctions contradictoires des politiques publiques, qui malmènent sa capacité à produire et ne permettent plus aux territoires d’aspirer à une souveraineté alimentaire.

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Le département compte 140 000 hectares de surfaces agricoles utiles, mais aussi 180 000 ha d’espaces forestiers ou garrigues.

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