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Le début d’un plan de régulation du loup ?

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La venue du préfet chargé de mission loup Xavier Doublet a été l’occasion de faire le point sur les premières mesures qui seront prises dans le cadre de la révision du plan loup.

« Désormais, on peut commencer à parler de régulation du loup, ce qui n’était pas le cas jusqu’ici », salue Olivier Pascal, vice-président en charge du dossier prédation à la Chambre d’agriculture des Alpes-de-Haute- Provence, qui accompagnait le président de l’organisme consulaire Frédéric Esmiol à l’occasion de la venue dans le département de Xavier Doublet, préfet chargé de mission loup auprès du préfet de région Auvergne-Rhône-Alpes.

C’est en effet l’une des avancées qui ressort de cette visite organisée mardi 12 mars sur la commune de Clumanc, où s’est tenue une table ronde à laquelle étaient conviés les élus locaux, parmi lesquels la viceprésidente de la région déléguée au pastoralisme Eliane Barreille et le président du Conseil départemental René Massette, mais aussi de nombreux représentants de la profession agricole.

Une réunion qui faisait suite à une visite de l’exploitation de Frédéric Chaillan, qui a subi une attaque particulièrement meurtrière fin 2017 avec 42 bêtes tuées et 10 blessées, puis une seconde en novembre dernier (deux animaux tués et une brebis blessée) en dépit des mesures de protection mises en place pour protéger son troupeau. « Tout ce qu’on me propose, je le prends », a assuré l’éleveur en listant les moyens mis en oeuvre pour garder ses animaux en sécurité : doubles filets d’1,70m de haut, chien de protection, présence humaine, spotlights, lampes solaires... Suite à l’attaque subie au mois de décembre, Frédéric Chaillan a finalement décidé de rapatrier ses animaux sur l’exploitation. Quant à la montagne sur laquelle il avait subi la première attaque en 2017, il n’y va plus.

Définition d’un « cercle 0 »

« L’Etat a pris la mesure de l’ampleur du problème », a commenté Frédéric Esmiol à l’issue de la réunion qui s’est tenue à huis-clos. « Alors qu’elle était fixée au 1er septembre, la date d’autorisation de prélèvements va être avancée au 1er juillet », poursuit le président de l’organisme consulaire. Le préfet Xavier Doublet a par ailleurs assuré qu’il était question de stabiliser la population de loups et confirmé que le taux de prélèvement initialement fixé à 10 % (extensible à 12%) passerait à 17% (extensible à 19%).

Parmi les mesures annoncées, « la définition d'une zone (dite « cercle 0 »), dont le périmètre recouvrira les communes où exercent les éleveurs les plus touchés par la prédation, permettra des tirs de prélèvement dès le mois de juillet, ainsi que des tirs de défense automatiques à trois tireurs valables pendant cinq ans », indique la préfecture des AHP.

Si la brigade loup « continuera à être présente régulièrement dans les Alpes de- Haute-Provence », la profession agricole n’a visiblement pas obtenu que cette présence soit accrue dans le département. « Ce n’est pas à nous de nous occuper de tuer des loups », déplore Frédéric Chaillan.
Compte tenu de « la compétence nationale de la brigade », explique la préfecture, « il convient de s'appuyer encore davantage sur les chasseurs et les lieutenants de louveterie. Le Conseil régional PACA et le Conseil départemental participent déjà à l'achat de matériel, et notamment de lunettes thermiques. Une réflexion est engagée sur un éventuel effort financier supplémentaire », ajoutent les services de l’Etat. « Ce qui va être mis en place au niveau territorial, c’est un système d’alerte « loup » qui serait déclenché par la DDT via un SMS envoyé aux éleveurs », rapporte également Eliane Barreille.

Des questions en attente de réponses

Reste la question de la prédation qui impacte désormais régulièrement les élevages d’espèces bovine et équine. Si les animaux tués font d’ores et déjà l’objet d’indemnisations, aucune mesure supplémentaire au profit de ces élevages considérés comme « non protégeables » n’a été annoncée.

Autre problème évoqué en particulier par Frédéric Chaillan : quid des aides PAC sur les surfaces non pâturées dans les montagnes abandonnées pour cause de prédation ? Pour l’heure, la question est demeurée sans réponse. Idem pour l’épineuse question des patous. « Certes, ils sont propriété de l’éleveur, mais achetés avec l’argent de l’Etat. A minima, les éleveurs pourraient bénéficier d’une protection juridique différente et l’Etat devrait être mis en cause autant que l’éleveur », suggère Eliane Barreille.

D’une manière générale, tous saluent des avancées. Néanmoins, comme le dira Olivier Pascal, « ça ne fera pas que les éleveurs dormiront plus tranquilles. Aujourd’hui, si tu veux protéger, il faut quelqu’un 24 heures sur 24 autour du troupeau qui soit armé. Et ça, on sait que ce n’est pas possible ».